Le président de la Fédération des opérateurs miniers de Guyane (Fedomg), José Mariéma, et son épouse, responsables de la société AZ DOM, ont été mis en examen lundi 23 septembre par un juge d’instruction de Fort-de-France dans une affaire présumée d’escroquerie en bande organisée au préjudice de la Caisse générale de Sécurité sociale (CGSS) de la Guyane. Il leur est reproché, entre autres, des prescriptions abusives ayant permis d’obtenir des remboursements de la CGSS d’un montant de plus de quatre millions d’euros.
Soupçonnés par la justice d’avoir organisé une vaste escroquerie aux dépens de la Caisse générale de Sécurité sociale (CGSS), le président de la Fédération des opérateurs miniers de Guyane (Fedomg) José Mariéma et son épouse, responsables de la société AZ DOM spécialisée dans la mise à disposition de matériel médical à domicile, ont été mis en examen lundi 23 septembre par un juge d’instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Fort-de-France a-t-on appris le 26 septembre via un communiqué du parquet du ressort martiniquais.
Cette mise en examen fait suite à une vaste opération judiciaire menée le 19 septembre en Guyane et dans l’Hexagone par l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP), le Groupe interministériel de recherches (GIR) et les gendarmes de Guyane, pour interpeller le responsable de la société AZ DOM José Mariéma, son épouse, des salariés et des médecins prescripteurs à qui il est reproché d’avoir organisé un système de prescriptions abusives permettant d’obtenir des remboursements de la Caisse générale de Sécurité sociale avec la complicité de médecins urgentistes du Centre hospitalier de l’Ouest guyanais (CHOG) de Saint-Laurent-du-Maroni.
D’après le parquet de Fort-de-France, le préjudice pour l’Assurance-maladie serait de 4 039 514 d’euros.
Ce coup de filet fait suite à l’ouverture d’une enquête en 2022 par le parquet de Cayenne, rapidement confiée à un juge d’instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée de Fort-de-France « compte tenu de l’importance et de la gravité de l’affaire » indique le parquet.
Outre la supposée escroquerie, l’enquête a révélé que « bon nombre de patients n’avaient pas bénéficié de traitement à domicile » et mis en évidence « des prescriptions incohérentes présentant un risque avéré, voire létal« , notamment pour des enfants. À ce titre, José Mariéma et sa compagne ont été mis en examen lundi 23 septembre à la suite de leur audition par le magistrat instructeur pour « exercice illégal de la profession de pharmacien, proposition d’avantages à personnels de santé, abus de biens sociaux, escroqueries en bande en organisée et blanchiment« .
« Le médecin prescripteur se voit quant à lui notamment reprocher une mise en danger de la vie d’autrui et la complicité d’escroqueries en bande organisée » indique le communiqué du parquet. Tous les mis en cause dans cette affaire ont été placés sous contrôle judiciaire avec notamment le versement de cautionnements et des interdictions professionnelles.
Au cours des différentes perquisitions, un important stock de médicaments, « contrevenant à la réglementation en vigueur et matérialisant les faits d’exercice illégal de la profession de pharmacien« , mais également des objets de valeur et six véhicules ont été saisis. Des sommes d’argent, pour plusieurs centaines de milliers d’euros, ont également été saisies.
Contactée, l’avocate du couple Mariéma n’a pas répondu à nos sollicitations.
José Mariéma, qui bénéficie de la présomption d’innocence dans cette affaire, n’en n’est pas à ses premiers démêlés avec la Justice. En 2008 en première instance puis en 2015 en appel, il a été condamné dans l’affaire dite des « faux papas chinois » pour corruption active d’un agent de la mairie de Kourou, mais aussi d’un agent du service des étrangers de la préfecture de Guyane pour l’organisation d’un « mariage blanc » et pour complicité d’obtention illicite de documents administratifs – en l’occurrence, des actes d’état civil.
José Mariéma était en 2007, selon la justice, « le centre d’un réseau qui organisait de fausses reconnaissances de paternité d’enfants de mères seules afin de délivrer plus vite des titres de séjour à des ressortissants chinois. Le titre de séjour se monnayait environ 35 000 euros (il y avait quelques intermédiaires à payer) » écrivait Guyaweb en 2017.
Photo de Une : José Mariéma lors d’une réunion avec des opérateurs miniers en février dernier à la Collectivité territoriale de Guyane, peu de temps après son élection à la tête de la Fedomg © CTG