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Corée du Sud: la Cour constitutionnelle rejette la destitution du Premier ministre

23 March 2025
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La Cour constitutionnelle sud-coréenne a rejeté lundi la motion de destitution contre le Premier ministre Han Duck-soo, nouvel épisode de l'instabilité provoquée par la tentative ratée du président Yoon Suk Yeol d'imposer la loi martiale.

Alors que le verdict sur une éventuelle destitution de M. Yoon est attendu dans les jours qui viennent, Han Duck-soo retrouve ainsi son poste et récupère la charge de président par intérim.

Il avait été suspendu par les députés il y a trois mois, après un premier intérim de moins de deux semaines.

"Je salue la décision sage des juges, a réagi devant la presse Han Duck-soo. Je pense que tous les citoyens s'élèvent clairement contre une sphère politique hautement polarisée. Je pense qu'il n'y a pas de place pour la division en ce moment. La priorité de notre pays est d'aller de l'avant".

Selon l'agence Yonhap, la procédure de destitution de Han a été rejetée à cinq votes contre un par les huit juges de la Cour. ", selon l'agence Yonhap.

La Corée du Sud est plongée dans le chaos politique depuis le coup de force de son président en titre, Yoon Suk Yeol, dans la nuit du 3 au 4 décembre. L'ancien procureur vedette avait déclaré la loi martiale par surprise et envoyé l'armée au Parlement pour tenter de le réduire au silence.

Mais un nombre suffisant de députés était parvenu à se réunir pour rapidement contrecarrer ses plans en votant à l'unanimité le retour au régime civil. Contraint par la Constitution, M. Yoon avait dû obtempérer.

L'Assemblée nationale a voté le 14 décembre une première motion de destitution contre le dirigeant, alors suspendu de ses fonctions. Puis le 27 contre son premier remplaçant, Han Duck-soo, accusé d'entraver les procédures contre le président.

Il lui était notamment reproché d'avoir refusé de nommer de nouveaux juges à la Cour constitutionnelle pour occuper les postes vacants, alors que seuls six magistrats sur neuf possibles y siégeaient. Dans cette configuration, un seul vote contre la destitution de Yoon Suk Yeol aurait suffi à la faire échouer.

Lundi, la cour a estimé qu'il s'agissait bel et bien d'une pratique "illégale, mais pas assez pour justifier une déposition", selon le diffuseur YTN, qui a ajouté que la juridiction "n'a pas trouvé de preuves du rôle" potentiel de M. Han dans la séquence de la loi martiale.

Manifestations

La présidence était, jusqu'à lundi, assurée par un deuxième suppléant, le ministre des Finances Choi Sang-mok, qui a d'ailleurs nommé deux nouveaux juges à la Cour constitutionnelle.

Concernant M. Yoon, les experts prédisent un verdict de la juridiction dans les jours qui viennent, mais la date précise n'a pas été annoncée. Si elle prononce sa déposition définitive, avec au moins six votes pour, une nouvelle élection présidentielle devra être organisée dans les 60 jours. Sinon, Yoon Suk Yeol sera rétabli dans ses fonctions.

Au cours du week-end, des centaines de milliers de partisans et de détracteurs de M. Yoon ont battu le pavé, attendant de pied ferme la décision des juges.

Les délibérations, qui durent depuis près de trois mois et demi, sont les plus longues pour un président sud-coréen menacé de destitution.

Les deux anciens dirigeants à avoir été dans la même situation, Park Geun-hye (destituée et emprisonnée) et Roh Moo-hyun (rétabli), ont connu leur sort respectivement 92 et 63 jours après la saisine de la Cour.

Yoon Suk Yeol est par ailleurs jugé au pénal dans un procès parallèle pour insurrection -- un crime passible de la prison à vie voire de la peine de mort -- après sa brève imposition de la loi martiale. Un temps retranché dans sa résidence à Séoul, il avait été arrêté début janvier lors d'une opération spectaculaire des forces de l'ordre puis placé en détention, une première dans l'histoire pour un président sud-coréen en titre, avant d'être libéré le 8 mars pour vice de procédure.

hs/tmt/gmo

Le Premier ministre sud-coréen Han Duck-soo à son arrivée à la Cour constitutionnelle à Séoul le 24 mars 2025
Le Premier ministre sud-coréen Han Duck-soo à son arrivée à la Cour constitutionnelle à Séoul le 24 mars 2025
• JEON HEON-KYUN