Local News

Déserts médicaux : le gouvernement Bayrou veut imposer aux médecins deux jours de consultations mensuelles en zones prioritaires

25 April 2025
Cross Continental Forum Barbados

Pour lutter contre les déserts médicaux, François Bayrou a annoncé un " changement radical " : les médecins devront consacrer jusqu'à deux jours par mois aux consultations dans les zones sous-dotées. Une mesure qui provoque la colère des professionnels de santé, appelant à une grève nationale dès le 28 avril.

Alors que 87 % du territoire est classé en désert médical, touchant près de 6 millions de personnes, le Premier ministre a dévoilé son plan ce vendredi 25 avril dans le Cantal. L'objectif ? Contraindre les médecins généralistes et spécialistes exerçant dans des zones bien pourvues à consacrer une à deux journées mensuelles aux " zones rouges ". 

François Bayrou défend cette mesure comme une alternative à la " fin de la liberté d'installation ", une proposition rejetée par le gouvernement mais adoptée par l'Assemblée nationale début avril. " Il s'agit d'un nouveau principe de responsabilité et de solidarité territoriale ", a-t-il déclaré. 

Formation, délégation de tâches et cartographie : les autres axes du plan 

Le gouvernement mise sur trois autres leviers pour résorber les inégalités d'accès aux soins : 

- Former et recruter localement 

L'exécutif souhaite élargir l'accès aux études de santé, notamment en développant les stages en zones sous-denses. Un enjeu crucial, puisque 50 % des médecins généralistes s'installent à moins de 85 km de leur lieu de naissance. Chaque département devra disposer d'une première année d'études de santé. 

- Déléguer davantage aux pharmaciens et infirmiers 

Pour désengorger les cabinets, les pharmaciens pourront prescrire certains traitements, comme ceux contre les rhinites allergiques, même avec une ordonnance expirée. 

- Cartographier les " zones rouges " en un mois 

Les Agences régionales de santé (ARS) devront identifier, avec les préfets et élus locaux, les territoires prioritaires d'ici fin mai. 

Médecins en colère : grève illimitée et manifestations annoncées 

La mesure phare du gouvernement suscite une vive opposition. L'Association nationale des étudiants en médecine (Anemf) a appelé à une " grève nationale illimitée dès le 28 avril ", suivie de manifestations le 29 avril partout en France. 

Si MG France, syndicat majoritaire des libéraux, se limite à une fermeture ponctuelle des cabinets le jour des manifestations, la grogne est généralisée. Dans ce contexte tendu, le Sénat examinera à partir du 12 mai une proposition de loi transpartisane sur la régulation de l'installation des médecins. 

Une bataille politique et sociale qui s'annonce intense, entre urgence sanitaire et défense du libéralisme médical.