SAINT-FRANÇOIS
Par Claudia BELTON
[email protected]
Plusieurs pêcheurs, découragés par toutes ces contraintes ad- ministratives, ont déjà vendu leur bateau. • CLAUDIA BELTON
Les professionnels de la mer réalisent que la survie de leur filière ne tient plus qu’à un fil. S’ils n’organisent pas le secteur, à terme, il disparaîtra. Samedi, ils ont rencontré le président du comité des pêches, ils se disent déçus par les échanges.
Au port de pêche de Saint-François, le pied à
peine posé sur la terre ferme, les pêcheurs vendent déjà leur
cargaison : thon, chat, bourse, colas, vivaneau… et même
langouste. « 14 euros le kilo de poissons », crie un
pêcheur à la clientèle amassée autour de son étal sous un carbet.
En quelques minutes, il ne reste plus rien dans les caissons. Si
les 60 kg ont été vendus en un clin d’œil, le pêcheur ne semble pas
pour autant satisfait.
Derrière ce métier millénaire, se cache en réalité
une profession à l’agonie, selon les professionnels. Ils savent
aujourd’hui que la survie de la pêche ne tient qu’à un fil. S’ils
ne font rien, la profession disparaîtra, il n’y aura pas de relève,
et déjà plusieurs ont vendu leur bateau. Depuis vingt-six ans,
Jean-Daniel Barvaut pratique la pêche côtière. Il refuse de se
laisser mourir en silence sans combattre pour la survie de la
filière. « Nous ne sommes pas écoutés », déclare-t-il.
Samedi dernier, ils en auraient eu la preuve. Les professionnels
ont rencontré, sur le port, le président du comité des pêches pour
évoquer la réglementation de la pêche en 2024. Une fois de plus,
ils ont été déçus. Celui-ci leur a annoncé la mise en vigueur de
plusieurs arrêtés qui remettraient en cause la survie de la filière
artisanale. « La pêche côtière n’est plus rentable »,
admet-t-il. « Ce n’est un secret pour personne. Il y a
plusieurs raisons à cela, commence-t-il par dire. Le capital du
marin pêcheur, c’est le carburant détaxé, réservé aux
professionnels, et qui lui permet d’aller en mer. Pour…
