La pollution aux substances chimiques sur les coraux des Outre-Mer est confirmée

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Dans les Outre-Mer, la pollution des récifs coralliens aux filtres UV, hydrocarbures, pesticides et métaux confirmée par une expertise de l’Anses.

L’Anses a publié ce matin à la première heure son expertise sur l’impact et l’évaluation des substances chimiques sur les coraux dans les Outre-mer. Au niveau mondial, il est estimé que 20 % des récifs coralliens ont été irrémédiablement détruits au cours des dernières décennies.

 

L’Agence s’est penchée, avec l’appui de l’Office français de la biodiversité, sur les risques des substances chimiques pour la santé de ces récifs. Sur la centaine de substances identifiées comme potentiellement toxiques pour les coraux, l’Agence a pu mener une évaluation des risques pour une cinquantaine d’entre elles, en s’appuyant principalement sur les données disponibles en Guadeloupe, Martinique, à la Réunion et à Mayotte. “Il s’agit de filtres UV, d’hydrocarbures, de pesticides et de métaux. Au premier plan des menaces identifiées figurent les conséquences du dérèglement climatique. Parmi les multiples pressions auxquelles sont soumis les océans et les coraux, figurent également les pollutions liées aux activités humaines qui contribuent à leur dégradation.

 

La France possédant 10% des récifs coralliens mondiaux dans les Outre-mer, l’Anses a été saisie pour évaluer les risques des substances chimiques potentiellement toxiques pour les coraux.

 

Un nombre de substances chimiques polluantes probablement sous-estimé

Une centaine de substances chimiques ont été identifiés comme potentiellement toxiques pour les coraux. Ces substances ont été regroupées par familles. Parmi elles, les hydrocarbures, les métaux, les pesticides, les filtres UV, les micro-plastiques, les produits pharmaceutiques, et une catégorie ” autres substances ” regroupant des substances de type détergents, conservateurs, nanomatériaux, etc.

 

“Pour réaliser ce travail, nous nous sommes appuyés sur une étude de l’Office français de la biodiversité et de PatriNat (OFB-MNHN-CNRS-IRD) qui recense des substances chimiques susceptibles d’avoir des effets toxiques sur les coraux. Nous avons ensuite croisé les seuils de danger applicables aux coraux pour ces substances aux niveaux de concentration observés dans l’environnement. Cela nous a permis d’identifier les substances à risque pour les coraux situés en Guadeloupe, Martinique, à Mayotte et à la Réunion” explique Karen Burga, coordinatrice de ces travaux.

 

L’Anses alerte qu’à ce stade, les chiffres sont très probablement sous-estimé, au regard du manque de donnés disponibles. “Les travaux n’ont pu être réalisés que sur un nombre limité de substances parmi toutes celles potentiellement présentes dans les récifs coralliens.” 

Suite à cette publication, l’ARES recommande de renforcer le suivi des substances chimiques er leur surveillance quant à l’impact qu’elles peuvent avoir sur les récifs. Pour préserver au mieux les coraux déjà menacés par les effets du dérèglement climatique, l’Anses appelle à “limiter les rejets de substances dangereuses à la source” en appliquant des restrictions d’utilisation de certains produits chimiques. Enfin, elle recommande d’améliorer l’implantation et le fonctionnement des réseaux d’assainissement des eaux usées. L’État a été récemment saisi d’une demande de l’Anses pour restreindre l’utilisation de cette dernière substance. La France souhaite toutefois que le dossier soit géré à “l’échelle européenne”, notamment dans le cadre de la révision du règlement sur les produits chimiques Reach, avait indiqué une source gouvernementale début juillet.

Dans une déclaration transmise à l’AFP, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, s’est dit lundi “favorable à ce que la révision de ce règlement permette de prendre en compte l’étude de la toxicité sur les coraux dans l’évaluation de danger des substances chimiques afin que l’impact sur les coraux d’une substance puisse être un motif d’interdiction”.

Dans son rapport publié lundi, l’Anses souhaite en outre que les assertions de protection de l’environnement et de respect des milieux marins portées par certaines marques de crèmes solaires soient “justifiées”.

“La présence d’une des substances mentionnées ci-dessus semble incompatible avec la possibilité de bénéficier de telles allégations”, estime l’Agence.

Un point dont s’est saisi Christophe Béchu: “J’ai demandé à mes services d’étudier les possibilités juridiques permettant d’interdire les allégations et logos, présents sur un certain nombre de produits solaires, vantant leur respect du milieu marin”, a-t-il dit.