Interview
Propos recueillis par Richard GARNIER
Eric Maurel, le nouveau procureur général. • MFGE
Selon une étude de l’Institut statistique interministériel, qui, pour la première fois, a associé les chiffres de nos départements l’an dernier, la violence armée est bien plus élevée en Outre-Mer que dans l’Hexagone. Preuve que l’importante circulation des armes, notamment aux Antilles, n’est pas une vue de l’esprit. Le procureur général Eric Maurel, auprès de la Cour d’appel de Basse-Terre, s’est livré pour France-Antilles, à une description détaillée de la réalité sous-jacente à cette étude : la prolifération inquiétante et la circulation des armes à feu.
On observe dans les différents faits criminels
avec arme que de plus en plus de jeunes sont impliqués. Diriez-vous
que c’est une priorité de votre action ici en Guadeloupe ?
« C’est absolument certain. C’est une
priorité du procureur général, des procureurs de la République, du
préfet, des services de police et de gendarmerie. Il y a des armes
qui circulent sur l’ensemble du territoire de la Guadeloupe et des
îles du Nord et les dossiers démontrent que de plus en plus
souvent, ce sont de très jeunes gens, voire de jeunes adolescents,
qui les portent en leurs mains, et qui commettent parfois
l’irréparable »
Comment expliquer qu’ils aient accès à de tels
armes ?
« Fort heureusement, dans la plupart des
dossiers, ce sont essentiellement des armes de poing. Il y a
également toujours des armes de chasse, modifiées ou pas, qui
circulent. C’est tout simplement le contexte géographique et
international de l’archipel de la Guadeloupe qui explique pour
partie leur prolifération. Nous sommes à quelques encablures
d’États comme la Dominique, Trinidad, la République dominicaine ou
d’Haïti. Et au-delà, du territoire des États-Unis. Les liaisons
entre l’ensemble de ces territoires sont fréquentes….