La situation devient « difficile ». C’est ce que constate l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) dans son rapport annuel sur l’état de la liberté de la presse en 2025, diffusé ce samedi 3 mai à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse instaurée par l’ONU en 1993. Dans ses données mesurées par l’indicateur économique du Classement mondial de la liberté de la presse, RSF révèle que même si elle est dans une « situation plutôt bonne », la France – dont la presse nationale est largement contrôlée par quelques grandes fortunes – perd quatre places au classement par rapport à 2024. Le pays de la devise « liberté, égalité, fraternité » se situe désormais au 25e rang mondial sur 180 pays. La meilleure situation de la liberté de la presse est en Norvège.
Dans son rapport annuel 2025, RSF souligne un facteur de taille qui fragilise profondément les médias : la « pression économique », résultant de causes multiples – « concentration de la propriété, pressions des annonceurs ou des financeurs, absence, restriction ou attribution opaque des aides publiques… » – et à laquelle s’ajoutent les procédures judiciaires abusives visant à bâillonner les médias économiquement fragiles.
C’est le cas de Guyaweb, qui dérange. Souvent attaqué en justice – un fâcheux sujet sur lequel nous reviendrons -, notre média local en fait les frais, au prix de milliers d’euros chaque année et au détriment de son développement éditorial. Au lieu de cela, « nous », médias, sommes aujourd’hui « pris en étau entre la garantie de (notre) indépendance et « (notre) survie économique », comme le souligne RSF.
D’après les données collectées par RSF, dans 160 des 180 pays analysés, les médias ne parviennent pas à atteindre une stabilité financière.
« Les conditions d’exercice du journalisme sont difficiles »
« En 2025, une nouvelle ligne rouge est franchie : le score moyen de l’ensemble des pays évalués passe sous la barre des 55 points (“situation difficile”). Plus de six pays sur dix (112 au total) voient leur score reculer dans le Classement (…). Et pour la première fois, les conditions d’exercice du journalisme sont difficiles voire très graves dans la moitié des pays du monde et satisfaisantes dans moins d’un pays sur quatre seulement » alerte RSF.
« Dans 42 pays, représentant plus de la moitié de la population mondiale, la situation est jugée “très grave” : la liberté de la presse y est totalement absente et exercer le journalisme y est particulièrement dangereux » pointe RSF.
C’est le cas notamment de la Palestine (163e), d’Israël (112e), de l’Ouganda (143e), de l’Éthiopie (145e), du Rwanda (146e), de Hong-Kong (140e) et de la Chine (178e, – 6), qui rejoint pour sa part le trio de fin du Classement aux côtés de la Corée du Nord (179e) et de l’Érythrée (180e) qui ferme le peloton.
En France, où une part significative de la presse nationale est contrôlée par quelques grandes fortunes, RSF indique que « si le cadre légal et réglementaire est favorable à la liberté de la presse, les outils visant à lutter contre les conflits d’intérêts et à protéger la confidentialité des sources sont insuffisants, inadaptés et dépassés ». En outre, RSF rappelle que « l’absence de financement pérenne après la suppression de la redevance fragilise l’audiovisuel public ». De surcroît, en dépit de « l’adoption d’un nouveau schéma du maintien de l’ordre, plus respectueux des droits des journalistes lors des manifestations, les reporters continuent de faire l’objet de violences policières, en plus des agressions de la part de manifestants » analyse RSF. La France, située entre Taïwan (24e) et la Jamaïque (26e), perd quatre places au Classement par rapport à 2024 et se trouve désormais au 25e rang mondial sur 180 pays.
La palme d’or de la liberté de la presse revient à la Norvège (1re), l‘Estonie et les Pays-Bas complétant le podium.