Local News

Vaccin HPV : la France peut-elle éradiquer ces cancers évitables ?

22 June 2025
Promote your business with NAN

Chaque année, 6 400 cancers liés aux papillomavirus humains (HPV) pourraient être évités en France grâce à la vaccination. Pourtant, malgré une campagne renforcée dans les collèges, la couverture vaccinale stagne à 50 %, loin des 80 % nécessaires.

La Ligue contre le cancer sonne l'alarme et réclame une obligation vaccinale pour en finir avec ces maladies mortelles. Le papillomavirus humain (HPV) est un ennemi insidieux responsable de 3 000 cas de cancer du col de l'utérus par an en France, mais pas seulement. Ce virus peut également provoquer des cancers de la gorge, de l'anus ou du pénis. Les spécialistes sont formels : "Quasiment 100 % des cancers du col sont dus à ce virus, le seul que l'on peut prévenir par vaccination", souligne la Ligue contre le cancer. 

Pourtant, la solution existe bel et bien sous la forme d'un vaccin sûr et efficace, recommandé dès 11 ans aussi bien pour les filles que pour les garçons. Certains pays comme l'Australie, le Danemark et l'Angleterre montrent la voie avec des couvertures vaccinales atteignant 80 à 90 %. Les résultats sont si probants que le Danemark prévoit même l'éradication complète du cancer du col d'ici 2040. 

En France, une vaccination encore trop faible et inégale

La France a pourtant fait des efforts notables. Depuis 2023, une campagne gratuite dans les collèges a permis de vacciner près de 420 000 élèves de 5e, portant la couverture vaccinale nationale à environ 50 %. Mais derrière cette moyenne se cachent de profondes disparités régionales qui inquiètent les professionnels de santé. 

Certaines régions comme l'Île-de-France, la Provence-Alpes-Côte d'Azur et la Corse plafonnent à 46 % de couverture. La situation est encore plus préoccupante dans les Départements et Régions d'Outre-Mer, où la Martinique et La Réunion affichent des taux inférieurs à 25 %. "La situation est inacceptable", dénonce avec force Philippe Bergerot, président de la Ligue contre le cancer, pour qui "seule l'obligation vaccinale permettra une couverture universelle". 

L'importance cruciale de vacciner aussi les garçons 

Une idée reçue persiste : le vaccin contre les HPV ne concernerait que les femmes. Cette croyance est dangereusement erronée. Les hommes sont tout autant concernés par les risques liés aux papillomavirus. Chez eux, l'infection peut entraîner des cancers ORL (de la gorge), des cancers de l'anus ou du pénis, sans oublier leur rôle dans la transmission du virus. 

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, le préservatif, bien qu'indispensable pour se protéger contre d'autres infections sexuellement transmissibles, ne protège pas complètement contre le HPV. Les muqueuses restent en effet exposées au virus. C'est pourquoi les médecins insistent sur l'importance de vacciner tous les adolescents, quel que soit leur sexe, pour créer une protection collective efficace. 

Le duo gagnant : vaccination et dépistage 

Si la vaccination constitue le pilier principal de la prévention, elle ne doit pas faire oublier l'importance cruciale du dépistage. Même vaccinées, les femmes doivent impérativement se faire dépister régulièrement à partir de 25 ans. Or, la France accuse un retard préoccupant dans ce domaine également. 

Actuellement, seulement 60 % des femmes participent au dépistage du cancer du col, un chiffre insuffisant alors que 1 100 décès sont encore recensés chaque année. "On a les outils pour éliminer ces cancers, il faut les utiliser !", martèle la Ligue contre le cancer, qui plaide pour une approche globale combinant vaccination systématique et dépistage régulier. 

Faut-il rendre le vaccin obligatoire ? Le débat est lancé 

Face aux réticences persistantes et aux inégalités territoriales flagrantes, la question de l'obligation vaccinale se pose avec acuité. Plusieurs pays ont franchi ce pas avec des résultats probants, mais en France, le débat reste vif entre partisans et opposants à cette mesure. 

Les arguments en faveur de l'obligation sont solides : possibilité réelle d'éradiquer les cancers liés au HPV, réduction des inégalités d'accès à la vaccination, et création d'une protection collective optimale. À l'inverse, certains s'opposent à cette mesure, invoquant des craintes sur d'éventuels effets secondaires, pourtant largement infirmées par la communauté scientifique ou une réticence de principe face à toute obligation vaccinale. 

Avec une couverture vaccinale stagnante autour de 50 %, la France se trouve à mi-chemin de l'objectif des 80 % nécessaire pour espérer éradiquer ces cancers. Le chemin restant à parcourir exige une mobilisation sans précédent : généralisation de la vaccination en milieu scolaire, campagnes de sensibilisation massives, et peut-être, la mise en place d'une obligation vaccinale. 

Les outils sont là, les preuves d'efficacité ne manquent pas. Reste maintenant à transformer cette opportunité historique en action concrète. La balle est désormais dans le camp des décideurs politiques, qui ont entre leurs mains la possibilité de faire disparaître ces cancers évitables. Le temps presse, et chaque jour compte dans cette course contre la montre pour sauver des vies.