Aucune explication n’a été fournie sur les raisons de ce report, ni aucune nouvelle date fixée. Ce n’est pas la première fois que le Parlement monocaméral, où le pouvoir dispose de 256 des 277 sièges (l’opposition ayant boycotté les législatives de 2020), reporte au dernier moment une séance.
Le projet de loi “contre le fascisme, le néofascisme et les expressions similaires” est le deuxième texte d’une série que prépare le pouvoir dans le sillage de la réélection contestée du président socialiste le 28 juillet.
Il s’agit officiellement de mieux “défendre le peuple”, mais de nombreux observateurs y voient des mesures liberticides.
La semaine dernière, le Parlement avait adopté une loi sur les ONG, également très critiquée par les défenseurs des droits humains.
Le pouvoir promet aussi dans les prochains jours une loi sur les réseaux sociaux, alors que X (anciennement Twitter) a été suspendu pour une durée de dix jours et que M. Maduro a appelé au boycott de la messagerie WhatsApp, tous deux accusés d’incitation à la haine.
Mardi, deux jours après la fin de la période de suspension, X ne fonctionnait qu’avec un VPN et par intermittence, sans charger ni photos, ni vidéos, ni permettre l’accès à des liens.
“Liens politiques”
“M. Nicolas Maduro, respectez ce que tous les Vénézuéliens ont décidé (…) Vous et votre gouvernement devez vous mettre de côté (…) Je suis prêt au dialogue”, a lancé lundi soir sur les réseaux sociaux Edmundo Gonzalez Urrutia, discret diplomate qui a remplacé la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado, déclarée inéligible, comme candidat à la présidentielle.
Mme Machado, qui est apparue samedi à Caracas lors d’une manifestation de l’opposition, et M. Gonzalez Urrutia vivent dans la clandestinité alors que le parquet a ouvert une enquête pénale contre eux, notamment pour “incitation à la désobéissance aux lois, incitation à l’insurrection, association de malfaiteurs”.
L’annonce de la réélection de M. Maduro pour un troisième mandat a provoqué des manifestations spontanées, brutalement réprimées. De source officielle, 25 personnes sont mortes, 192 ont été blessées et 2.400 arrêtées.
Le Conseil national électoral (CNE) a ratifié début août la victoire de M. Maduro avec 52% des voix, sans fournir le décompte exact ni les procès-verbaux des bureaux de vote. Il assure en avoir été empêché par un acte de piratage informatique, dont l’opposition et de nombreux observateurs mettent en doute la réalité.
Selon l’opposition, qui a rendu publics les documents électoraux obtenus grâce à ses scrutateurs, M. Gonzalez Urrutia a remporté plus de 60% des voix.
M. Maduro, qui ne cesse de répéter qu’il fait face à une tentative de “coup d’État”, a déposé un recours début août devant la Cour suprême pour faire valider sa victoire.
Mardi, un opposant a demandé la récusation de la juge de la haute cour, Caryslia Rodriguez, chargée d’examiner le recours. L’ancien candidat à la présidentielle Enrique Marquez a justifié la demande par les “liens politiques manifestes” que Mme Rodriguez “a entretenus et entretien” avec le régime au pouvoir.
La Cour suprême, que la plupart des observateurs considèrent inféodée au pouvoir, a réagi sur Instagram affirmant avoir conclu dimanche le “processus d’expertise” du recours avec l’intervention d'”experts en matière électorale avec les normes techniques et scientifiques nationales et internationales les plus élevées”.
pgf-atm/sf/dth
La cheffe de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado (C) lors d’une manifestation contre la réélection du président Nicolas Maduro, à Caracas le 17 août 2024
• Federico PARRA
Le chef de l’Etat vénézuélien Nicolas Maduro lors d’un rassemblement à Caracas, le 17 août 2024, pour défendre sa victoire à l’élection présidentielle
• STRINGER
Plénière du Parlement vénézuélien, le 15 août 2024
• Federico PARRA