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Virus Oropouche : une menace épidémique grandissante en Guyane et aux Antilles

18 June 2025
Cross Continental Forum Barbados

Un rapport alarmant de Santé Publique France révèle un risque élevé d'émergence du virus Oropouche en Guyane et dans les Antilles françaises. Avec des épidémies en fortes expansion en Amérique du Sud et dans les Caraïbes, les autorités sanitaires redoutent une propagation rapide dans les territoires français, où les vecteurs compétents sont déjà présents.

Le virus Oropouche, transmis par des moucherons du genre Culicoides, est la deuxième arbovirose la plus répandue en Amérique du Sud après la dengue. Ses symptômes (fièvre, douleurs articulaires, maux de tête) ressemblent à ceux d'autres infections comme la dengue ou le chikungunya, compliquant son diagnostic. En 2023-2024, une souche réasortie du virus a provoqué des épidémies sans précédent au Brésil, en Colombie et à Cuba, avec des cas graves et des décès siganlés pour la première fois. 

Guyane et Antilles en alerte 

Le rapport estime un risque élevé d'importation et de transmission locale du virus en Guyane, Guadeloupe et Martinique. En Guyane où une épidémie a déjà frapé le village de Saül en 2020, les conditions sont réunies pour une nouvelle flambée : présence de vecteurs (Culicoides paraensis, Culex quinquefasciatus) et flux importants de voyageurs en provenance de zones épidémiques. Aux Antilles, la Martinique est particulièrement vulnérable en raison de la présence confirmée de C. paraensis (le yenyen). 

Les récentes épidémies ont révélé des complications jusque-là inédites : 

- Formes neurologiques (méningites, encéphalites, syndrome de Guillain-Barré). 

- Transmission materno-fœtale avec risques de malformations congénitales, observées au Brésil. 

- Transmission sexuelle suspectée, le virus ayant été détecté dans le sperme de patients jusqu'à 58 jours après l'infection.

Préparation urgente face à la menace 

Santé publique France recommande des mesures immédiates : 

- Renforcer les capacités diagnostiques (tests PCR et sérologiques). 

- Mettre en place une surveillance épidémiologique intégrée (humaine, animale et entomologique). 

- Sensibiliser les professionnels de santé et la population aux symptômes et aux mesures de protection. 

- Étudier les vecteurs locaux pour évaluer leur compétence et leur dispersion. 

À plus long terme, des travaux de recherche sur les réservoirs animaux et la modélisation des risques sont indispensables pour anticiper les futures épidémies. 

Une bombe à retardement climatique et écologique

L'expansion d'Oropouche est favorisée par la déforestation, le changement climatique et la mobilité humaine. Alors que l'Amérique du Sud et les Caraïbes font face à une crise sanitaire inédite, les territoires français d'Amérique doivent se préparer à une possible émergence. Sans vaccin ni traitement spécifique, la lutte contre ce virus repose avant tout sur la prévention et la vigilance. Les autorités sanitaires mettront à jour leurs recommandations en fonction de l'évolution de la situation dans la région.