C'est avec un casting riche de talents que la réalisatrice guadeloupéenne, Mariette Monpierre, qui compte nombre de films et documentaires résolument engagés mettant en avant la communauté ultramarine à travers sa diversité, a lancé sa nouvelle série, " Manmzel New York " dans laquelle joue le Martiniquais Mike Fédée. Rendez-vous ce soir 20 heures pour les trois derniers épisodes sur La 1ère.
On est plus habitués à le voir évoluer sur les planches. Mais quand il prend le temps de passer derrière le petit écran pour des séries ou du doublage de personnages de séries, Mike Fédée, se donne toujours à fond. Cette fois, il s'est lancé pour une première collaboration avec la réalisatrice de renom Mariette Monpierre dans la série de six épisodes, "Manmzel New York". "Je voulais faire une série ancrée aux Antilles qui mette en avant une jeune femme dans sa quête identitaire et son passage à l'âge adulte", explique Mariette Monpierre. Elle ajoute.
"Quand on est jeune, aux Antilles, comme dans la plupart des pays, on fait face, et surtout quand on est une fille, une jeune femme, à la problématique de l'estime de soi, de la confiance en soi, et de la valeur... Et c'est là qu'Internet joue un grand rôle sur des questionnements tels que, comment on est perçu, est-ce que les gens nous comprennent, nous aiment ? Cette image de nous-mêmes peut être problématique, parce que souvent, on voit que les jeunes pensent que leur valeur dépend du nombre de followers qu'ils ont sur les réseaux sociaux ", précise la réalisatrice. Le sujet est donc sérieux et nous parle surtout quand elle présente le personnage du prédateur en ligne... Celui qui traque, collecte des photos, suit toute votre activité en ligne. Celle à qui on doit le long-métrage "Le bonheur d'Elza", récompensé à six reprises, le clip de feue Edith Lefel, "Si seulement", ou encore le court-métrage consacré à Michel Marthely, " Sweet Micky for the president ", dans sa course pour la présidentielle en Haïti, pour ne citer que ces exemples, reste toujours fidèle dans sa recherche de sujets de fonds qui touchent notre communauté ultramarine dans sa diversité, et notamment à travers le personnage d'Iza 971, dans sa condition de femme.
Des personnages que l'on connaît
D'où son choix minutieux s'agissant du casting, parce qu'il faut qu'il y ait ce déclic. "C'est grâce à Géraldine Asselin, la comédienne interprétant Regina, la mère d'Isabelle- Iza 971 (Murielle Hilaire) que j'ai appris qu'un casting était en cours. J'ai donc envoyé ma bande démo d'extraits de séries et films dans lesquels j'ai joué, puis j'ai effectué une selftape (interprétation vidéo d'une scène, ndlr) et ça a convaincu la réalisatrice", raconte Mike Fédée. "C'était ma première collaboration avec Mariette Monpierre, elle ne me connaissait pas du tout avant. Donc je suis très reconnaissant à Géraldine Asselin pour cette opportunité", ajoute-t-il.
Et le voilà parti vers la Guadeloupe (pas à New York) pour trois jours intensifs de tournage. Mike joue le rôle de Steve, le fiancé d'Isabelle - Iza 971. "On a tout de suite accroché Murielle Hilaire et moi, ce qui fait que nos scènes ont bien fonctionné et ont pu se dérouler de façon fluide."
Mike nous en dit plus sur la maîtrise qu'a eu la réalisatrice de la comédie à travers un sujet aussi sérieux. "Pour moi les personnages sont assez représentatifs de notre société. Il est vrai que sur le ton de la comédie, le danger est de frôler la caricature mais les comédiens et les comédiennes choisi.e.s par Mariette ont su trouver le bon dosage pour qu'on ne rit non pas de leurs personnages mais avec leurs personnages. Nos attitudes, notre rhétorique, nos regards nous amènent souvent à sourire de notre quotidien dans nos départements d'Outre-mer", souligne-t-il. Et c'est aussi pour cela que la réalisatrice prend le temps de choisir ses acteurs en fonction du résultat qu'elle veut avoir. "La plupart du temps, quand on écrit une histoire, on ne sait pas qui l'acteur va jouer. On écrit le rôle qu'on veut voir et ensuite on cherche la personne qui représente le mieux ce rôle. Pour Mike c'est le rôle de Steve. Il est très talentueux. C'est le type d'acteur avec lequel on a envie de jouer. Lui, je l'engage à n'importe quel moment. "
Guidés par "l'algorithme" ?
Cette série qui a été diffusée récemment en prime time sur le réseau La 1ère, sur les trois départements et qui se termine ce soir, a ainsi permis de mettre l'accent sur d'autres pépites prometteuses telles que Paul-Emile Etna qui joue le rôle de Fabien, un des fans de la communauté d'Isa 971, Anthony Castagne, qui joue le rôle du prédateur en ligne, ainsi que Romane Arrendel dans le rôle de Jade.
Et puisqu'on est pleinement dans cet univers " guidé " par l'algorithme est-ce que les comédiens se sont sentis concernés par le sujet dont le fond reste grave ? Leur statut d'icônes les soumet-il à la pression des réseaux sociaux ? Mike Fédée nous apporte quelques éléments de réponse. "J'ai été cueilli en découvrant le résultat de la série sur les écrans par la tonalité parfois très sérieuse du scénario. J'en avais oublié certains aspects à la lecture de celui-ci. Le sujet de l'excision et la scène touchante entre Blessing et Isabelle à la rivière qui en découle est mémorable, inédite dans une production "made in Bô Kay "! Et je trouve ça important qu'on puisse aussi avoir la liberté de proposer ça à notre public", explique-t-il.
Le comédien rappelle le sujet fil rouge qu'est la pression des réseaux sociaux et comment il sait s'en préserver. "Je mets un point d'honneur à rester maître de mon réseau social. Je poste quand je veux, si je veux et non parce que l'algorithme me dit de poster tant de vidéos par jour ou de faire des lives etc… Mais ce serait mentir que de dire que je ne joue pas le jeu. Aujourd'hui, les productions sont attirées par ceux qui ont des millions de followers. Pourquoi pas ? J'en connais de très talentueux… Maintenant est-ce que le nombre de followers rivalise avec les années d'expérience passées et à venir ? Je ne crois pas. C'est l'endurance dans ce métier qui fait toute la différence."
Et d'ajouter : "Il existe heureusement des producteurs comme Frédéric Chaudier et des réalisatrices comme Mariette, qui misent avant tout sur le talent et je crois que ça se voit à l'écran", conclut Mike Fédée.