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Les députés antillo-guyanais censurent le gouvernement

05 December 2024
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M.B.

Les deux députés de Guyane ont voté afin de faire tomber le gouvernement de Michel Barnier. Aux Antilles, seuls Frantz Gumbs, élu de Saint-Martin et Saint-Barthélémy ainsi que Max Mathiasin, député de Guadeloupe, n'ont pas participé au vote de la motion de censure.

"Nommons un gouvernement de gauche et on verra !" Le moins que l'on puisse dire, c'est que Jean-Victor Castor, député (GDR) de Guyane, n'a pas eu de complexes ou de craintes à voter la censure du gouvernement de Michel Barnier.

"L'appauvrissement de nos populations n'est pas une vue de l'esprit, c'est une situation documentée, avec des chiffres, une terrible réalité. Les gens ont maintenant conscience que l'on doit demander à ceux qui ont le plus, aux plus riches, de contribuer à l'effort commun." Voilà pourquoi l'élu a censuré le gouvernement, sans craindre un quelconque "chaos" dont plusieurs partisans du gouvernement se sont fait l'écho.

Un coup dur pour les Outre-mer ?

"Je ne comprendrais pas qu'il n'y ait pas une continuité de l'État sur les sujets qui concernent nos territoires, ajoute son collègue de Guyane (GDR), Davy Rimane. Le protocole vie chère ? Qu'est-ce qui empêche l'État de faire ce qui est prévu ? Sa parole a été engagée, elle doit être maintenue"

Son point de vue n'est pas partagé par l'ancien gouvernement.

Cette censure sera "un coup dur pour les Outre-mer, s'inquiétait François-Noël Buffet, le ministre des Outre-mer désormais démissionnaire, dans un communiqué publié dans la soirée de mardi. Aujourd'hui, ne pas avoir de Budget, c'est priver la Nouvelle-Calédonie d'aides, c'est priver la Guyane de rétrocession de foncier, c'est mettre en difficulté des élus locaux qui portaient des projets, c'est priver l'ensemble des territoires d'Outre-mer d'un Comité interministériel des Outre-mer (CIOM) très attendu en mars prochain."

"Nous n'avons que du mépris de la part de ce gouvernement"

La motion de censure a été très largement adoptée par l'Assemblée nationale, 331 voix pour alors qu'une majorité de 288 voix suffisait.

"Cette censure ne tombe pas du ciel, elle est la conséquence de plusieurs années de mauvaises politiques et la suite logique de plusieurs censures électorales, en particulier dans nos territoires, explique Christian Baptiste, député (socialiste, PS) de Guadeloupe. Il nous faut à tout prix sortir de ce système néo-libéralo-colonial ! J'ai voté cette censure parce qu'en tant qu'élus des territoires dits d'Outre-mer, nous n'avons eu que du mépris de la part de ce gouvernement. En tant que représentant du peuple, je n'avais pas le choix."

Un gouvernement qui n'a pas laissé de choix à ses opposants, c'est aussi le point de vue du député (socialiste, PS) de Martinique, Jiovanny William. "Ce gouvernement n'a fait aucun compromis, en particulier avec la gauche. Ce Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) ne tenait aucun compte de nos amendements. Le Premier ministre Michel Barnier s'en est tenu à son extrême-droite et a couvert le bloc central, il n'a fait aucun compromis..."

Dans ces conditions, pourquoi des députés de gauche n'auraient-ils pas voté la censure ? En Guadeloupe, Elie Califer et Christian Baptiste ont apporté leur suffrage. En Martinique, Béatrice Bellay, Jiovanny William, Jean-Philippe Nilor et Marcellin Nadeau ont fait de même. Bien qu'il ait été le seul de son groupe Liberté Outre-mer et Territoires (LIOT) à le faire, le député de Guadeloupe Olivier Serva a également voté la censure du gouvernement.

Eviter le "shutdown"

Une "loi spéciale" pour que les salaires des fonctionnaires continuent à être versés, un nouveau gouvernement nommé très rapidement afin que le Budget soit adopté d'ici la fin de l'année : plusieurs pistes sont à l'étude au Palais-Bourbon afin d'éviter un "shutdown", soit l'État en cessation de paiement faute de Budget.

"Le président Emmanuel Macron n'aura pas d'autre choix que de nommer un Premier ministre des rangs du Nouveau front populaire (NFP), veut croire Emeline K/Bidi, députée (Gauche démocrate et républicaine (GDR) de La Réunion. Politiquement, nous lui avons démontré que les gouvernements illégitimes qu'il pourrait continuer à choisir n'auront pas une très longue durée de vie."