Le président taïwanais Lai Ching-te a déclaré vendredi être "confiant" quant au renforcement de la coopération avec les Etats-Unis après la prise de fonction du président élu Donald Trump en janvier.
Lai Ching-te, qui rejette les revendications chinoises sur Taïwan, termine une tournée dans le Pacifique visant à resserrer ses liens avec son partenaire américain et les rares alliés diplomatiques de Taipei dans la région.
"Taïwan est confiant dans le fait qu'il va continuer d'approfondir la coopération avec le nouveau gouvernement pour résister à l'expansion autoritaire et créer prospérité et développement pour les deux pays tout en contribuant davantage à la stabilité et la paix régionales", a déclaré M. Lai depuis les Palaos.
Le président taïwanais a aussi exhorté les démocraties "à être plus unies" face aux pays autoritaires.
"Forcément un échec"
Cette tournée suscite de vives protestations de la part de Pékin, qui ne reconnaît pas la souveraineté de Taïwan et n'exclut pas de recourir à la force pour en prendre le contrôle.
Interrogé vendredi sur les propos de M. Lai, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, a appelé Washington à "cesser de s'immiscer dans les affaires liées à Taïwan".
"Les Etats-Unis doivent respecter le principe d'une seule Chine" et "arrêter de soutenir ou de tolérer les forces indépendantistes de Taïwan", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse régulière.
Pékin a par ailleurs mis en garde Taïwan contre toute tentative de "viser l'indépendance avec l'aide des Etats-Unis", affirmant que ce serait "forcément un échec".
De manière plus générale, "chercher l'indépendance à travers (l'aide de) forces extérieures est voué à l'échec", a insisté le porte-parole de la diplomatie chinoise.
Aux Palaos, M. Lai a également affirmé que Taïwan et la Chine n'étaient "pas inféodés l'un à l'autre" et rappelé l'attachement de l'archipel à son "système constitutionnel démocratique et libre".
Ces déclarations ne peuvent "pas changer le fait que les deux rives du détroit de Taïwan appartiennent à une seule et même Chine, ni inverser la tendance historique selon laquelle les deux parties seront et doivent être réunifiées à terme", a réagi Lin Jian.
Washington, partisan du statu quo
Lai Ching-te, élu président en janvier dernier, considère Taïwan comme "un pays indépendant et souverain".
Pour dissuader les ambitions chinoises, il compte sur le soutien de ses partenaires régionaux et de Washington, principal fournisseur d'armes de Taipei, qui défend historiquement le "statu quo" dans le détroit de Taïwan.
La tournée de M. Lai dans le Pacifique l'a ainsi conduit dans deux territoires américains, Hawaï et Guam, un territoire non incorporé des Etats-Unis où se trouvent plusieurs bases militaires stratégiques.
Mais lors de la campagne présidentielle américaine, le candidat républicain Donald Trump a instillé le doute sur son soutien à Taipei en affirmant que Taïwan "devrait payer" les Etats-Unis pour sa défense.
Depuis son élection, Mr. Trump a nommé plusieurs personnalités connues pour leurs positions critiques face à la Chine dans sa nouvelle administration, à l'image de Howard Lutnick, au poste de secrétaire au Commerce, augurant d'une position dure face à Pékin.
Jeudi matin, Lai Ching-te s'est entretenu par téléphone avec le président de la Chambre américaine des représentants, issu du parti républicain de M. Trump.
Pékin a exhorté en réaction les Etats-Unis à "cesser d'envoyer de mauvais signaux" aux "forces indépendantistes taïwanaises".
La Chine estime qu'elle n'a pas encore réussi à unifier Taïwan avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949, et n'exclut pas le recours à la force pour y parvenir.
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