Sarkozy, une vie politique pied au plancher désormais engluée dans les déboires judiciaires
L'ex-président français Nicolas Sarkozy, condamné définitivement à un an sous bracelet dans le dossier des écoutes, est un boulimique de la politique qui a récemment usé de toute son influence pour empêcher son rival François Bayrou de rejoindre Matignon.
Malgré ses interminables ennuis judiciaires, il est toujours considéré par une partie de la droite comme une référence et multiplie les rendez-vous dans ses bureaux où il reçoit à deux pas de l'Elysée, dans le quartier parisien de Miromesnil.
Le tempo du ballet des amis et courtisans s'est même accéléré au cours des dernières semaines avant et après la censure du Premier ministre Michel Barnier, issu de la même famille politique que lui.
Affichant une entente cordiale avec Emmanuel Macron qu'il rencontre régulièrement, tout en déplorant qu'il "ne l'écoute pas toujours", il s'est rendu à l'Elysée le dimanche 8 décembre à la nuit tombée pour y dire tout le mal qu'il pensait de François Bayrou.
"Il le déteste, c'est épidermique", affirme un responsable LR qui, comme d'autres élus du parti, a rencontré récemment l'ancien patron de la droite, attribuant ses tentatives de torpiller François Bayrou à son choix de soutenir le socialiste François Hollande contre lui en 2012.
Son influence sur son parti s'est confirmée en septembre lorsqu'il a appelé les siens à rejoindre l'exécutif dans une interview au Figaro, incitant les siens à renoncer au "pacte législatif" qu'ils défendaient pour rejoindre l'exécutif de Michel Barnier.
Revers judiciaires
Devant la justice, il enchaîne les revers. Après le rejet de son pourvoi par la Cour de cassation, il devient le premier ancien président à être condamné à de la prison ferme - dans ce cas sous bracelet électronique - son mentor Jacques Chirac s'étant vu infliger en 2011 deux ans de prison avec sursis dans le dossier des emplois fictifs de la Ville de Paris.
La décision de la Cour de cassation intervient près de deux semaines avant l'ouverture du procès des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy, qui se tient du 6 janvier au 10 avril au tribunal de Paris, après une décennie d'investigations.
"Je suis habitué à subir ce harcèlement depuis dix ans", répète celui qui fêtera ses 70 ans en janvier.
Après sa défaite de 2012, celui que les Français surnomment "Sarko" avait pourtant juré qu'on "n'entendrait plus parler de lui".
Mais ses démêlés judiciaires autant que sa vie médiatique, parfois aux côtés de son épouse, l'ex-mannequin et chanteuse franco-italienne Carla Bruni, ont fait mentir cette prédiction.
Eternelle figure tutélaire de la droite, bien que contesté par certaines de ses figures, son évocation dans les meetings de son parti Les Républicains continue de déclencher des tonnerres d'applaudissements, de même que ses livres de souvenirs demeurent des succès d'édition.
"Petit Français de sang-mêlé"
Celui qui aime à se définir comme un "petit Français de sang-mêlé" - père hongrois, grand-père maternel juif grec - n'avait que 28 ans lorsqu'il s'est emparé en 1983 de la mairie de la cossue Neuilly, située dans le prolongement des beaux quartiers de l'ouest parisien.
Doté d'un enthousiasme communicatif, d'une fougue verbale liée à une gestuelle débridée, Nicolas Sarkozy a eu le don de se faire autant aimer que détester, parfois par les mêmes, au long d'une carrière politique de quarante années écumée à l'Assemblée nationale, dans plusieurs ministères ou à la présidence de l'UMP, l'ancien nom de LR.
Un temps exclu du jeu à droite, il était redevenu incontournable lors de la campagne de réélection de Jacques Chirac à la présidentielle de 2002, avant de défier ce dernier depuis les rangs du gouvernement, comme très populaire ministre de l'Intérieur, et de s'ouvrir les portes de l'Élysée en 2007.
"Président bling-bling" pour certains, gestionnaire habile de la crise financière de 2008 pour d'autres, il avait été le premier président depuis Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981) à être battu en sollicitant un second mandat en 2012.
Mais les luttes fratricides à droite lui ouvrent la voie vers un premier retour.
Dès 2013, un "Sarkothon" permet d'engranger 11 millions d'euros pour compenser l'invalidation de ses comptes de campagne par le Conseil constitutionnel.
"Moi, j'ai un lien particulier avec les Français. Il peut se distendre, il peut se retendre, mais il existe", affirmait-il en 2013.
Pêché d'orgueil? En 2017, il est écarté d'une nouvelle course à l'Élysée par un vote des militants de son parti, qui lui préfèrent son ancien Premier ministre François Fillon.
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