Conséquence du retour de la pluie en Guyane ces derniers jours, le préfet Antoine Poussier a annoncé, ce jeudi en conférence de presse, mettre fin au dispositif de gestion de crise mis en place fin octobre pour garantir la sécurité sanitaire de la population face à la sécheresse des cours d’eau.
« En concertation avec les maires des communes concernées, nous considérons que les conditions de circulation sont redevenues normales pour la période et que cela nous permet de mettre fin au dispositif de gestion de crise » a indiqué ce jeudi le préfet Antoine Poussier, à l’occasion d’une conférence de presse.
Depuis le 10 décembre, les conditions de circulation sont « à peu près normales sur l’Oyapock » a indiqué le préfet. Et pour le Maroni, avec les fortes précipitations des derniers jours et les perspectives des jours à venir, la préfecture a constaté des débits du fleuve « trois fois supérieurs à ceux relevés au moment où nous sommes entrés dans la gestion de crise, fin octobre ».
Le 28 octobre, l’Etat avait déclenché le plan « Orsec Eau » pour garantir la sécurité sanitaire des habitants, confrontés à une sécheresse des cours d’eau sans précédent, accentuée par « 18 mois de déficit pluviométrique » selon Météo France.
Dans le cadre de ce plan d’urgence, l’armée et la sécurité civile ont été mobilisées pour acheminer chaque semaine des tonnes de fret (eau et denrées alimentaires) et du gaz aux 40 000 habitants des communes de l’Intérieur de la Guyane, en complément des 20 tonnes livrées par la Collectivité territoriale de Guyane.
Des tonnes de carburant ont également été transportées par avion pour assurer la continuité énergétique des centrales électriques de Maripasoula et Papaïchton.
« C’est un soulagement pour tous les habitants de retrouver une autoroute fluviale dans des conditions qui sont celles de l’étiage d’un début de saison des pluies, mais qui permettent de naviguer » a souligné le préfet. « Par exemple, EDF qui transportait par hélicoptère les fûts d’approvisionnement vers les centrales électriques a pu hier remonter trois tonnes de gasoil jusqu’à Maripasoula, ce qui démontre les possibilités de circuler de façon prudente, mais normale sur le Maroni » a-t-il illustré.
Procédure de calamité agricole en instruction
En conséquence de la levée du plan Orsec, à partir de vendredi 20 décembre à 17h, la préfecture arrêtera de réceptionner du matériel au tarif subventionné de 0,50€ par kilo pour être acheminé vers les communes de l’Intérieur. Seul le reliquat de fret, d’environ 40 tonnes, sera transporté d’ici à la fin de la semaine prochaine. Pour rappel, la préfecture et la CTG avaient mis en place un tarif subventionné pour prévenir l’envolée des prix durant cette crise climatique sans précédent.
Malgré cet encadrement des tarifs, plusieurs habitants et collectifs citoyens, dont Apachi, ont fait état de bouteilles de gaz à 100 euros ou de packs d’eau vendus 17 euros au plus fort de la sécheresse, quand plus aucune pirogue ne pouvait remonter le Maroni. Le préfet souhaite d’ailleurs engager des discussions avec les acteurs du secteur et la CTG pour « réfléchir sur le prix de la bouteille de gaz en dehors de la période de gestion de crise » en vue d’obtenir « un prix unique de Camopi et Maripasoula jusqu’à Cayenne » a-t-il annoncé ce jeudi à la presse.
Les distributions d’eau potable, rendue impropre à la consommation lors des épisodes de fortes marées, notamment à Saint-Laurent, vont également s’achever. « Les pics de salinité que nous avons sur les marées hautes sont moins prononcés du fait du niveau actuel du Maroni. Nous pensons que nous ne serons pas à nouveau confrontés au biseau salin lors des prochaines grandes marées« , a indiqué ce jeudi le préfet.
Pour les vacances scolaires de Noël, qui débutent demain soir, un dispositif est mis en place par la CTG pour permettre, par avion et pirogue, aux enseignants et aux élèves de rejoindre le littoral ou les communes isolées dont ils sont originaires. Ce chassé-croisé « a déjà commencé et se terminera avant Noël » a précisé le préfet qui garantit que l’ensemble des lignes de transports scolaires fluviales, « dont certaines sont encore fermées autour de Grand Santi et de Maripasoula, pourront rouvrir en toute sécurité au début du mois de janvier« .
Par ailleurs, le préfet a confirmé qu’une procédure de calamité agricole est en cours d’instruction pour permettre au secteur d’être indemnisé. « Un rapport de Météo France et une inspection sur les dommages, tant sur le fond que sur les cultures, est en cours et devrait, je l’espère, aboutir comme l’année dernière. » En effet, en lien avec la sécheresse déjà intense de 2023, le statut de calamité agricole avait été reconnu par l’Etat, permettant d’indemniser les agriculteurs guyanais qui en ont fait la demande.
Photo de Une : le fleuve Oyapock, à Camopi en novembre, historiquement bas © Guillaume Reuge / Guyaweb