Dans le sillage des révélations faites par Libération sur les « profits suspects » du Groupe Bernard Hayot (GBH), la justice a été saisie mardi 14 janvier par quatre lanceurs d’alerte, afin de faire la lumière sur les « profits suspects » du principal conglomérat des Outre-mer.
Les révélations de Libération sur le Groupe Bernard Hayot (GBH) bientôt au cœur d’une enquête judiciaire ? C’est ce qu’indique ce mercredi 15 janvier le quotidien de gauche dans un nouvel article consacré aux pratiques présumées douteuses du groupe aux 4,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Une plainte contre X pour « entente » et « abus de position dominante » a en effet été déposée mardi devant le tribunal judiciaire de Fort-de-France, en Martinique. Elle émane de quatre lanceurs d’alerte qui saisissent la justice afin de faire la lumière sur les pratiques suspectes de l’entreprise GBH, suite aux révélations de Libération sur les marges exorbitantes du groupe présent dans la grande distribution, le secteur automobile, l’agriculture et l’industrie.
Les plaignants sont déjà à l’origine de l’assignation de GBH devant le tribunal de commerce de Fort-de-France pour défaut de publication de ses comptes, ce que la loi impose. Suite à cette assignation, le groupe a publié une partie de ses comptes en décembre, « mais pas ses comptes consolidés, seuls susceptibles de prendre la mesure de ses véritables profits » relève Libé. Une audience doit se tenir le 23 janvier.
Dans un communiqué publié vendredi, GBH s’est défendu de tout bénéfice indu, dénonçant des accusations « infondées et approximatives » qui auraient pour objectif de « déstabiliser » le groupe. « Mais de nombreux documents que nous avons pu consulter montrent que certaines concessions de GBH réalisent des marges trois à quatre fois supérieures à celles pratiquées en métropole, et que le groupe détient dans certains territoires plus de 50% du marché automobile« , répond Libération.
Selon le quotidien, la plainte déposée pointe en particulier une situation « oligopolistique », des « règles de la concurrence piétinées depuis trop longtemps » et la possible existence d’ »ententes secrètes entre les différents acteurs économiques de ces marchés ».
Le parquet de Fort-de-France a confirmé à Libération la réception de la plainte et affirme qu’elle est à l’étude. C’est la première fois dans l’histoire de l’île que le parquet se trouve saisi de tels faits. Cette plainte a aussi la caractéristique d’être ouverte à d’autres habitants d’outre-mer qui s’estimeraient victimes des agissements de GBH et souhaiteraient s’associer à la procédure.
Photo de Une : le groupe Hayot a participé aux négociations en Martinique pour résoudre la crise sociale sur la vie chère qui secoue l’île depuis septembre © CTM