Le programme des Journées des peuples autochtones Guyaweb, site d’information et d’investigation en Guyane

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Rendez-vous patrimonial incontournable, les Journées des peuples autochtones reviennent du 8 au 11 août. Culture, tradition, divertissement et spiritualité sont au programme de ces journées qui sont aussi l’occasion de revendications. Cette année ne déroge pas à la règle avec le dévoilement de deux statues de bronze à Iracoubo dans le cadre de l’inauguration d’un monument hommage pour favoriser la reconnaissance de l’histoire des zoos humains.

D’Est en Ouest de la Guyane, les célébrations de l’édition 2024 des Journées des peuples autochtones s’étaleront sur quatre jours, du jeudi 8 au dimanche 11 août, avec des événements organisés à Camopi, au village Sainte-Rose-de-Lima de Matoury, à Rémire, à Iracoubo (Degrad Savane) et au village Pierre de Saint-Laurent.

Ces journées qui consacrent chaque année la culture et les traditions des six peuples autochtones de Guyane, débuteront le 8 août à Camopi, avec un dépôt de gerbes sur la place des Fêtes du bourg à 8h. Place ensuite à des tournois sportifs (volley-ball et football) à 8h30, puis des courses de canoé-kayak et un concours de tir à l’arc, à 9h et 10h. Une battle de danse est prévue à 17h avant l’élection de Miss maman (20h). La soirée se poursuivra ensuite de 22h à 2h avec au programme un open mic et une scène ouverte aux talents locaux.

Le lendemain, le marché artisanal ouvrira au bourg de Camopi à 8h. Un débat « sur l’éducation, l’orpaillage illégal et la maladie du manioc » est organisé à 10h à la mairie. En parallèle, un concours du buveur de cachiri se tiendra Place des Fêtes à 10h30. La soirée, de 20h à 5h, sera animée par différents DJ.

Cérémonie chamanique à Matoury en ouverture

Le 9 août, date de la journée internationale des peuples autochtones, verra l’ouverture officielle des célébrations en Guyane avec un rendez-vous qui devient habituel au rond-point de Califourchon de Matoury (rond-point de l’aéroport) : une cérémonie chamanique sous les statues de bois représentant les six peuples autochtones de Guyane.

C’est le chaman Ruben Makosi qui officiera à 6h, accompagné par le groupe arawaka-lokono « Warukuma » du village Matta (Suriname) et les jeunes danseurs de Sainte-Rose-de-Lima. Après les discours des officiels, la cérémonie se conclura à 7h par un partage de cachiri.

Toujours le 9 août, une conférence est proposée à 18h à la Maison des cultures et des mémoires de Guyane de Rémire-Montjoly sur la problématique de la maladie du manioc, dont le pathogène responsable de l’épidémie a été récemment découvert comme révélé ce week-end par Guyaweb.

Parmi les intervenants, la chercheuse Margaux Llamas qui dirige le projet SaniManioc pour le Cirad, Laura Demade-Pellorce, directrice de la Fredon, la structure en charge de la surveillance biologique du territoire qui lutte contre la maladie depuis deux ans. Mais également Damien Laplace, chef du pôle santé-protection animale, végétale, environnement de la Direction de l’agriculture.

Avant un débat avec le public, une table ronde est organisée sur les « enjeux et perspectives de développement des agricultures traditionnelles » entre l’élu de la Collectivité territoriale à l’Agriculture, Roger Aron, et Patrice Poncet, directeur de l’Environnement, l’alimentation, l’agriculture et la forêt de DGTM. En effet, l’épidémie du manioc, dont le berceau est l’Amazonie, a souligné l’absence de plan de sauvegarde de cette plante patrimoniale, également part de l’identité culturelle des peuples autochtones. Depuis, la CTG notamment, a engagé un travail pour réaliser des collections des différentes espèces de manioc présentes sur le territoire. La Guyane en compterait 140 différentes d’après le Cirad.

De nombreuses animations à Matoury et Saint-Laurent

En parallèle, toujours le 9 août, le village de Sainte-Rose-de-Lima à Matoury proposera dès 10h, dans le cadre du « Wamarkwa festival », des stands artisanaux et culinaires. Puis, en soirée à partir de 20h, plusieurs prestations de danse. Ce festival se poursuit le samedi 10 août avec, toujours à Saint-Rose, des activités sportives (9h30-18h), de la danse et de la musique de 20h à 5h du matin.

Tout à l’Ouest, le Village Pierre de Saint-Laurent-du-Maroni vibrera dès le 9 août avec en guise d’introduction une cérémonie chamanique organisée à 8h10, suivie d’allocutions officielles et d’une danse traditionnelle de bienvenue. A 10h, plusieurs jeux et ateliers seront proposés par les associations Malaimo, Alawone, Anyabo et Yukulim. Au programme, pêle-mêle : concours de râpage de manioc, jeux de chaises musicales au son du Sanpula, concours de mangeur de jamais-goûter et de cachiripo, tir à l’arc, ateliers (bijoux en graines, perles, poterie), tatouage corporel au génipa, contes kalin’a, prestation de Sanpula, lecture de poésie en kali’na, danses traditionnelles et, à 20h30, un débat public sur l’identité guyanaise.

Inauguration d’un monument sur les zoos humains à Iracoubo

Le dimanche 11 août, en clôture des quatre jours de festivité, le moment phare de ces journées est organisé à Iracoubo. En effet, un mémorial en hommage « à pipi Ahieramo, pipi Molko et aux 47 Kali’na et Arawak, exhibés en 1882 et 1892 au Jardin zoologique d’acclimatation de Paris », sera dévoilé.

Cette histoire des exhibitions ethnographiques, ou « zoos humains« , est l’une des pages les plus sombres de l’histoire coloniale française et occidentale. Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, des milliers de personnes présentées comme des « sauvages » ont été exhibés dans des foires, dont 47 Amérindiens de Guyane. Leurs descendants se battent encore aujourd’hui pour leur rendre hommage et récupérer les dépouilles de leurs ancêtres, parfois encore conservés dans les collections nationales des musées.

L’inauguration de ce monument à Iracoubo sera donc l’occasion de rappeler cette histoire et demander réparation. Deux statues en bronze seront dévoilées au cours d’une cérémonie traditionnelle ponctuée de chants des « alemi » (esprits), de chants et danses des « piiyai » avec le Malaka (traditionnellement ces chants se dansent pieds nus), suivi des « semethi » « chamanes » et un sanpula de clôture.

Photo de Une : la Journée des peuples autochtones, en 2022, avait déjà été l’occasion de revendications politiques © Philippine Orefice / Guyaweb

Retrouvez ici le programme complet des célébrations