Le CERFA, bien plus qu’un exploit : la vitrine du football ultramarin

Le samedi 13 décembre dans les Hauts-de-France, le CERFA n'a pas seulement battu Lille. Il a rappelé une évidence souvent sous-estimée : les territoires ultramarins regorgent de talents. Pour sa troisième participation à la Coupe Gambardella, la structure fédérale a signé un exploit retentissant en éliminant un club de Ligue 1, au terme d'un match maîtrisé, conclu par une séance de tirs au but parfaite (5-4).

« Ce n'est pas une consécration, insiste Roland Seux, responsable du dispositif. C'est simplement reconnaître que les bases sont là, que la structure a une vraie raison d'être. » Pensé par la Fédération française de football il y a six ans, le CERFA s'appuie sur les ligues de Guadeloupe, Martinique, Guyane et Saint-Martin. Il regroupe aujourd'hui 36 joueurs U16 à U18, issus du parcours fédéral ou repérés hors cadre classique.

Face au LOSC, les jeunes Antillo-Guyanais ont affiché une maturité rare : solidité défensive, projection rapide, efficacité maximale.

« On a toujours été devant au score. Ce n'était pas un match arraché », rappelle l'entraineur de ce jeune groupe. La qualification s'est construite sur la maîtrise émotionnelle, jusqu'à une séance de penalties réussie à 100 %. « Il y avait de la gestion, de la justesse technique, et beaucoup de calme. »

Former des joueurs... et des adultes

Le CERFA n'est pas un centre de formation classique. Il se définit comme un centre fédéral d'accès vers le haut niveau, avec un objectif clair : réduire l'écart entre les conditions d'entraînement ultramarines et celles de la métropole. Statut de sportif de haut niveau, entraînement quotidien, suivi médical et psychologique, outils technologiques (vidéo, GPS), exigence scolaire : le cadre est complet. « L'essentiel, c'est l'équilibre, explique Roland Seux. Scolaire, soins, sportif, repos. On veut des journées structurées, équilibrées. » La formation mise sur la patience et la polyvalence. « Entre 15 et 18 ans, un joueur ne sait pas encore ce qu'il sera chez les seniors.

Il faut préparer des profils adaptables. » Les résultats parlent : en six ans, 100 % de réussite scolaire, 14 joueurs intégrés en centres de formation professionnels, dont quatre devenus pros. D'autres ont choisi la voie universitaire, notamment aux États-Unis. « Ce sont des réussites au pluriel », insiste Seux.

Gambardella : un exploit et des leçons à en tirer

L'aventure s'est arrêtée en 32e de finale, à Valenciennes, sur une défaite nette (4-0). Un score lourd, qui ne raconte pourtant qu'en partie le scénario. À la pause, le CERFA n'était mené que 1-0, après une première période courageuse et bien organisée. « Il faut retenir la bonne première performance et le courage des garçons sur ces 45 premières minutes », analyse Roland Seux.

La suite a été plus compliquée. En difficulté sur le plan athlétique, les jeunes Antillo-Guyanais ont peiné à renouveler les efforts consentis lors de l'exploit réalisé quelques jours plus tôt face à Lille. « On a payé l'addition en deuxième période. Sur la fin de match, l'écart était important », reconnaît l'entraineur, lucide.

Le 4-0 final apparaît sévère, mais reflète la réalité d'un groupe logiquement émoussé face à une formation mieux armée physiquement.

Pour autant, l'essentiel est ailleurs. « Ce n'est pas un aboutissement, rappelle Seux. C'est une étape. » La Gambardella reste une vitrine, un révélateur collectif plus qu'individuel. « Après Lille, on n'identifie pas un joueur, on identifie un groupe », insiste-t-il. Un collectif qui a su rivaliser, le temps d'un match référence, avec un centre de formation de Ligue 1.

La leçon est claire : le CERFA a montré qu'une structure ultramarine pouvait exister à ce niveau, à condition d'exigence, d'organisation et de patience. « Il n'y a pas une belle manière de gagner les matchs. Il y a des matchs à gagner », insiste Roland Seux. Et surtout, des parcours à construire.