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Air France mise sur Starlink de Musk pour le Wi-Fi en vol, un choix qui passe mal

26 December 2025
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Air France a officailisé l'équipement de sa flotte avec le réseau wi-fi Starlink d'Elon Musk, salué par le milliardaire d'un "Très bon!" en français sur X. Un choix technique qui permet aux passagers un internet gratuit et performant, mais qui soulève de vifs débats sur la souveraineté numérique.

Air France franchit un cap dans la connectivité en vol. La compagnie a annoncé que 30% de sa flotte est désormais équipée du réseau Wi-Fi Starlink , la totalité devant l'être fin 2026. Ce système, fournit par l'entreprise SpaceX d'Elon Musk, promet aux passagers un accès à un internet haut débit gratuit après inscription au programme de fidélité Flying Blue. Objectif affiché : offrir une expérience de connexion " comme à la maison ". Une avancée technique saluée par le patron de SpaceX lui-même, qui a posté un enthousiaste " Très bon ! " en français sur son réseau social X. 

Ce contrat massif représente une victoire éclatante pour Starlink, nouveau venu sur le marché de la connectivité aérienne, face aux opérateurs établis. Il a notamment été attribué au détriment de l'opérateur français Eutelsat, dans lequel l'État a investi 717 millions d'euros en juin 2024 pour soutenir la souveraineté spatiale européenne. Emmanuel Macron avait alors défendu Eutelsat comme " le seul acteur non américain et non chinois ", soulignant un " enjeu de souveraineté " crucial. Le choix d'Air France est donc perçu par certains comme une mise à l'écart d'une solution européenne au profit d'un géant américain dont le modèle, ultra-intégré, a bouleversé le secteur.

Souveraineté et données : les inquiétudes soulevées

Le partenariat avec Starlink ne fait pas l'unanimité et suscite des critiques au-delà des considérations commerciales. Des voix, comme celle de Jean-Luc Mélenchon ou du chercheur Cyprien Ronze-Spilliaert, dénoncent un abandon de souveraineté. Ils pointent le risque de confier les données de communication des passagers d'une compagnie nationale à une entreprise californienne soumise au Cloud Act américain. Cette loi permet en effet aux autorités judiciaires des États-Unis d'obliger les fournisseurs à leur remettre des données, y compris celles stockées à l'étranger. Ces craintes sont renforcées par les positions antieuropéennes et climatosceptiques régulièrement affichées par Elon Musk sur sa plateforme X. 

Les détracteurs mettent également en avant l'impact environnemental du modèle Starlink, basé sur une constellation de milliers de satellites en orbite basse, accusée de polluer l'espace et de générer des débris. Ils lui opposent les satellites géostationnaires traditionnels, comme ceux d'Eutelsat, présentés comme une option plus écologique. Face à ces critiques, des observateurs techniques, comme le journaliste Nicolas Lellouche, rappellent que la technologie de Starlink est " sans équivalent dans le monde pour une couverture aérienne " en termes de débit et de latence. Ils estiment que le retard européen dans ce domaine contraint les compagnies comme Air France à se tourner vers la solution la plus performante, tout en appelant à un rattrapage technologique urgent de l'Europe.

Air France, pionnière européenne dans un marché en expansion

Avec cette décision, Air France devient la première compagnie aérienne européenne à équiper sa flotte avec Starlink, rejoignant des transporteurs prestigieux comme United Airlines, Hawaiian Airlines et Qatar Airways. Ce mouvement illustre la conquête rapide du marché aéronautique par SpaceX, bousculant les fournisseurs historiques et même des géants comme Airbus, qui tentait de s'imposer sur ce segment. Le débat autour de ce contrat dépasse ainsi la simple question du Wi-Fi en vol : il cristallise les tensions entre performance technologique, indépendance stratégique et valeurs environnementales dans un secteur en pleine mutation.