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A Cuba, une épidémie de chikungunya et de dengue a fait 33 morts, dont 21 enfants

02 December 2025
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Les autorités sanitaires de l'île ont révélé mardi un bilan inquiétant lié à la propagation de virus transmis par les moustiques. La crise des infrastructures et la pénurie d'eau potable, qui force les habitants à stocker l'eau de manière précaire, favorisent la prolifération des vecteurs de la maladie.

C'est un lourd bilan qui met en lumière la fragilité du système sanitaire cubain face aux épidémies tropicales. Le ministère cubain de la Santé a annoncé, mardi 2 décembre, que 33 personnes étaient décédées des suites du chikungunya et de la dengue. Un chiffre d'autant plus alarmant qu'il concerne majoritairement des mineurs : parmi les victimes, on dénombre 21 enfants. L'épidémie, qui sévit depuis plusieurs mois, combine deux maladies virales transmises par les moustiques (principalement du genre Aedes). Selon la vice-ministre de la Santé, Carilda Peña, la majorité des décès est attribuée au virus du chikungunya. Si cette maladie provoque généralement des douleurs articulaires invalidantes mais est rarement létale, elle s'est révélée particulièrement virulente lors de cette vague. La dengue, dont les symptômes s'apparentent à ceux d'une grippe sévère (fièvre, maux de tête), a quant à elle causé la mort de 12 personnes.

Une propagation rapide favorisée par la crise

Le foyer initial de cette double épidémie a été détecté en juillet dernier dans la province de Matanzas, située dans l'ouest de l'île. En l'espace de cinq mois, le virus s'est propagé à l'ensemble des 15 provinces du pays, exposant une population d'environ 10 millions d'habitants. Si Cuba avait réussi à contenir une précédente épidémie de chikungunya en 2014 grâce à son réseau de médecine préventive réputé, la situation actuelle est aggravée par la profonde crise économique et infrastructurelle que traverse l'île. Les autorités sanitaires ont elles-mêmes pointé du doigt les facteurs environnementaux et sociaux ayant accéléré la contagion. Carilda Peña a évoqué une " mauvaise hygiène " et l'accumulation de déchets dans certaines zones urbaines. Surtout, la vice-ministre a mis en cause les stratégies de survie de la population face aux défaillances des services publics : " le stockage d'eau dans des réservoirs par la population pour pallier la pénurie d'eau potable ". Ces réserves d'eau stagnante, souvent stockées à domicile sans protection adéquate faute de distribution courante au robinet, constituent des gîtes larvaires idéaux pour les moustiques, rendant les campagnes de fumigation moins efficaces. Cette recrudescence des maladies vectorielles s'ajoute aux difficultés quotidiennes des Cubains, déjà éprouvés par les coupures d'électricité et les pénuries alimentaires, et pose un nouveau défi majeur au gouvernement de La Havane.

Deux virus, un même vecteur

Le chikungunya provoque une apparition brutale de fièvre et de fortes douleurs articulaires. Le nom signifie " celui qui se recourbe " en langue makondé, en référence à la posture voûtée des malades.

La dengue surnommée " grippe tropicale " se manifeste par une forte fièvre, des maux de tête et des douleurs rétro-orbitaires. Les formes sévères (dengue hémorragique) peuvent être mortelles.

Les deux virus ne se transmettent pas de personne à personne, mais uniquement par la piqûre de moustiques infectés.