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Assises: entre mysticisme et pure violence

29 January 2025
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Le 22 février 2022, un corps décapité en putréfaction est découvert à l’orée d’un bois, à proximité d’une exploitation agricole, à Petit Canal. La victime Kethia Pierre, mère d’un enfant de deux ans, a été assassinée par son époux Jean Rigaud Cius.

Le procès s’est ouvert lundi devant la cour d’assises de Basse-Terre. Et se termine ce jour. Hier l’avocate générale a requis contre le mis en cause, 25 ans de réclusion criminelle et une interdiction définitive du territoire.

Hier matin (28 janvier), l’audience a débuté par l’intervention du médecin légiste à l’origine de la levée de corps. Il avait alors décelé trois fractures qui ne pouvaient pas être d’origine animal : deux au niveau du crâne et une sur la mandibule. L’expert anthropologique était ensuite entendu et répondait notamment à la question du ministère publique sur l’intensité des coups. Il affirmait qu’ils étaient extrêmement violents au point d’entailler le crane sur 8,5 cm jusqu’à toucher les os, puisque de la matière osseuse fut retrouvée. Par la suite fut présentée la personnalité de l’accusé par l’expert psychologue le docteur Coutanceau et l’expert psychiatre Herold Nuissier. L’examen psychiatrique et psychologique de l’accusé ne révèle pas chez lui d’anomalie mentale de dimension aliénante. Dans les antécédents l’individu évoque des moments sub-dépressifs avec tentative de suicide. On est en présence d’un homme de 33 ans de niveau intellectuel modeste. Le sujet ne présente pas un état dangereux au sens psychiatrique précisent les experts. Il ne relève pas d’une hospitalisation en milieu spécialisé. Il est au contraire accessible à une sanction pénale dans la mesure où il peut en comprendre le sens. Le sujet serait réadaptable socialement d’où l’intérêt d’un suivi médico-psychologique dans le cadre d’une injonction de soins.

De l’eau de Cologne pour puiser sa force

La personnalité de l’accusé présentée à la cour, révèle que l’il est né dans une famille modeste à Anse à Galets en Haïti. Son père est parti en Guadeloupe en 1990, alors qu’il n’avait qu’un an. Et lui ne serait arrivé illégalement sur le territoire entre 2017 et 2019, à sa majorité. Il expliquera avoir eu 3 enfants avec sa première compagne qu’il a connu alors qu’il n’avait que 18 ans, un autre avec sa seconde compagne et enfin le dernier avec la victime. Sur le plan de l’addiction, l’homme consomme quotidiennement du vin et surtout de l’eau de Cologne utilisée de façon mystique. Il a pu expliquer aux experts que cette lotion a la vertu de décupler les forces. Elle augmente l’agressivité lorsque l‘on est en colère et elle calme lorsque l’on est relaxé. Les éléments factuels du passage à l’acte seraient le sentiment de perte du lien avec une personne avec laquelle il avait une relation fusionnelle et un sentiment d’abandon de la part de celle-ci une consommation d’alcool qui facilite le passage à l’acte et une difficulté à gérer le conflit.

Les faits disent le contraire

Interrogé ensuite sur les faits, Il maintient que c’est madame qui l’a attaqué en premier avec une arme blanche et l’a coupé au niveau du biceps. Lui s’est alors défendu armé de sa machette, la frappant deux fois au point de lui trancher le cou qui n’était plus retenu que par la peau ce qui ne l’empêcha pas de lui porter un 3eme coup de machette avec la même violence. Néanmoins, il affirmait à la cour que rien de tout cela n’était prémédité. Même s’il avait reconnu pendant l’enquête que c’est lui qui l’avait agressée en la frappant violemment par derrière.

Et il s’en était aussi confié à son frère. L’avocate générale, Elodie Rouchouse lui rappelle que cette dernière version ne correspond pas aux éléments du dossier et notamment à la manière dont la victime a reçu les coups à l’arrière du crâne. L’avocate générale a requis hier 25 ans de réclusion et l’interdiction définitive du territoire en estimant que les faits étaient gravissimes puisqu’il avait aussi torturé son enfant à le faire enjamber le corps sans tête de sa mère en décomposition.

L’avocate de la défense, Me Bourjac, est ensuite intervenue avec la conviction et la persuasion qu’on lui connait. Et ce matin dès 8h30 les jurés partiront délibérer.