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Automobile: Nissan et Honda sur le point d’ouvrir les discussions pour fusionner

23 December 2024
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Le géant japonais de l'automobile Honda et son compatriote en difficulté Nissan doivent, selon la presse nippone, annoncer lundi l'ouverture de négociations en vue d'une fusion susceptible de donner naissance au numéro trois mondial pour se renforcer dans l'électrique.

Ce projet intervient alors que les constructeurs traditionnels sont laminés par l'essoufflement du marché et l'onéreuse transition dans l'électrique, virage technologique dominé par l'américain Tesla et les groupes chinois, BYD en tête.

A l'instar de l'allemand Volkswagen, Honda et Nissan ont vu leurs ventes dégringoler en Chine, premier marché mondial dont ils sont très dépendants.

Selon plusieurs médias japonais, les deux constructeurs doivent signer un protocole d'accord lundi après-midi, heure de Tokyo, après l'aval de leurs conseils d'administration respectifs.

Déjà associés dans un "partenariat stratégique", Nissan et Honda entendent finaliser un accord d'ici juin 2025, précise la chaîne publique NHK.

Mitsubishi Motors, dont Nissan est le principal actionnaire, serait associé "début 2025" aux pourparlers pour rejoindre la nouvelle entité, ajoute l'agence Kyodo.

Honda et Nissan, deuxième et troisième constructeurs japonais derrière Toyota, souhaitent se réunir dans une holding commune, avec une alliance industrielle autorisant chacun à assembler ses véhicules dans les usines du partenaire.

Avec Mitsubishi, ils constitueraient ensemble le troisième groupe automobile mondial avec quelque huit millions de véhicules écoulés l'an dernier, derrière Toyota et Volkswagen. 

Un rapprochement providentiel pour Nissan: fortement endetté, il a essuyé une perte nette inattendue au dernier trimestre et abaissé drastiquement ses prévisions annuelles, sa marge opérationnelle ayant presque totalement fondu.

Sur ses deux marchés-clés, il a vu ses ventes plonger aux Etats-Unis, faute d'hybrides rechargeables face à une forte demande, et s'effondrer en Chine, minées par la domination des marques locales sur le tout-électrique.

Début novembre, Nissan a annoncé supprimer 9.000 postes dans ses effectifs mondiaux et tailler dans ses capacités.

Témoin de sa vulnérabilité: le géant taïwanais de l'assemblage électronique Foxconn (Hon Hai), fournisseur d'Apple, avait approché Nissan pour acquérir une participation majoritaire, selon la presse japonaise, un appétit qui a précipité l'ouverture de négociations avec Honda.

"Survivre" à l'international

Honda, lui, profiterait d'une entité élargie pour lancer efficacement des voitures entièrement électriques, après l'échec d'un projet commun avec l'américain General Motors. Le groupe vise 100% de véhicules électriques d'ici 2040.

Un mariage permettrait de partager les coûts élevés et les risques du développement de modèles électriques et de batteries, de sécuriser les chaînes d'approvisionnement et de gagner en compétitivité via des économies d'échelle. 

Les groupes nippons se sont longtemps concentrés sur les véhicules hybrides (combinant motorisations thermique et électrique), négligeant l'essor mondial du tout-électrique.

La Chine a ainsi dépassé le Japon comme premier pays exportateur de véhicules en 2023.

Alarmés, Nissan et Honda ont annoncé en mars un protocole d'accord pour un "partenariat stratégique" dans les logiciels et composants pour véhicules électriques. Initiative rejointe en août par Mitsubishi.

"Nous espérons que les firmes japonaises agiront pour survivre et l'emporter dans la concurrence internationale", a commenté lundi le porte-parole du gouvernement nippon Yoshimasa Hayashi, appelant à "muscler la compétitivité dans (...) les batteries et logiciels embarqués".

Renault attentif

"Si le rapprochement Nissan-Honda vise à préparer l'avenir, à développer les composants des futures voitures électriques qu'on ne produit quasiment pas aujourd'hui, ça fait sens", indique à l'AFP une source proche du dossier.

"Mais une fusion organisationnelle ne réglera pas les problèmes de court terme de Nissan, pour qui la priorité reste de résoudre au plus vite son problème aux Etats-Unis", prévient cette source.

Selon Kyodo, Honda exige que Nissan amorce une "reprise en V" de ses performances comme condition à la fusion... tout en se disant prêt à l'aider à produire des hybrides en Amérique du Nord.

Ce ne serait pas une union entre égaux, Honda étant valorisé en Bourse quatre fois davantage que Nissan, augurant de tractations complexes sur une gouvernance commune.

Une fusion contribuerait par ailleurs à estomper davantage l'alliance historique de Nissan avec Renault, qui réduit progressivement sa présence au capital du groupe japonais, après des années d'une relation orageuse.

Le français contrôle encore quelque 35% de Nissan (17% en direct, et 18,6% via une fiducie destinés à être graduellement cédés), lui garantissant une voix décisive dans le sort du groupe nippon.

"Renault a rééquilibré l'alliance, sans la détricoter: c'est dans son intérêt de préserver les projets qu'ils ont encore ensemble" et de veiller en tant qu'actionnaire à la valeur du titre Nissan, insiste la source proche.

hih-jug/mac/tmt