Brigitte Bardot : cinq condamnations pour haine raciale, un héritage qui divise
La mort de Brigitte Bardot à 91 ans révèle un profond clivage mémoriel. Tandis que certains réclament un hommage national pour la star de la Nouvelle Vague, d'autres rappellent ses multiples condamnations pour incitation à la haine raciale et ses prises de position à l'extrême droite.
La polémique a éclaté dès l'annonce de son décès. Le député Éric Ciotti a réclamé un hommage national, rapidement contesté par le socialiste Olivier Faure qui a rappelé sur X que Bardot avait "tourné dos aux valeurs républicaines". Cette opposition illustre la difficulté à dissocier l'actrice de ses positions publiques. Même localement, à Nice, la proposition du maire Christian Estrosi de baptiser un lieu en son honneur est déjà contestée, prouvant que sa mémoire reste un sujet de division.
Brigitte Bardot a été condamnée cinq fois pour incitation à la haine raciale, un record pour une personnalité de cette envergure. Ses cibles étaient récurrentes : les musulmans, les immigrés et les personnes issues du métissage. En 2021, elle a été condamnée pour injures raciales envers les Réunionnais, qu'elle avait qualifiés de "population dégénérée" dans une lettre au préfet. Sa cause animale, pourtant noble, a parfois servi de prétexte à des excès verbaux, comme lorsqu'elle a traité les chasseurs de "sous-homme", lui valant une amende de 5 000 euros.
Un ancrage assumé à l'extrême droite
Ses sympathies politiques n'ont jamais été un secret. Dès 1996, elle exprimait son admiration pour Jean-Marie Le Pen dans son autobiographie. Elle a successivement soutenu Marine Le Pen en 2012 et 2017, puis s'est tournée vers Éric Zemmour en 2022 avant de lui préférer Nicolas Dupont-Aignan, déçue par les positions du polémiste sur la chasse. Son engagement était toutefois toujours filtré par sa priorité absolue : la défense des animaux.
Bardot s'est régulièrement opposée aux combats féministes modernes. Dès les années 70, elle jugeait le MLF "comique et idiot". En 2018, elle qualifiait le mouvement #MeToo d'"hypocrite et ridicule". En mai 2024, lors d'une rare interview, elle a apporté son soutien à Gérard Depardieu et Nicolas Bedos, tous deux mis en cause dans des affaires d'agressions sexuelles, déclarant : "Ceux qui ont du talent [...] sont rejetés dans le cul-de-basse-fosse".
Un héritage irréconciliable ?
La mort de Brigitte Bardot n'apaise pas les contradictions. Pour l'extrême droite, elle reste une "ardente patriote" (Jordan Bardella) et une femme "libre et indomptable" (Marine Le Pen). Pour ses détracteurs, elle incarne un certain rejet de l'autre et des valeurs républicaines. Son héritage demeure ainsi fracturé entre la BB solaire, icône éternelle du cinéma français et Brigitte Bardot, la militante aux convictions radicales et souvent condamnables. La question n'est pas d'effacer son statut dans l'histoire du cinéma, mais de refuser le blanchiment mémoriel qui ignorerait les conséquences réelles de ses prises de position haineuses. L'hommage qui lui sera rendu servira de test pour la capacité de la société française à regarder en face les parts d'ombre de ses icônes, sans céder à l'angélisme ou à la réécriture complaisante de l'histoire.
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