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Contrôle routier de la gendarmerie : « Avez-vous consommé un stupéfiant ? oui, en carbet » | Guyaweb, site d’information et d’investigation en Guyane

15 December 2025
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Contrôle routier de la gendarmerie : « Avez-vous consommé un stupéfiant ? oui, en carbet »
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Lors d’une opération de contrôle de stupéfiants par la Brigade motorisée de Matoury, qui s’est déroulée le dimanche 30 novembre à 17h10, route des plages à Rémire-Montjoly, mon résultat salivaire s’est révélé positif au THC.

Récit : de mon contrôle de dépistage de stupéfiants, à une suspension administrative de permis de conduire de six mois par la préfecture de Guyane, en passant par une audition libre à la gendarmerie de Matoury, ce lundi 15 décembre à 14h30.

Dimanche 30 novembre. De retour d’un week-end en carbet sur la route de l’Est, je suis sur le chemin du retour. Roulant sur la route des plages de Rémire-Montjoly, j’aperçois un poste de contrôle de la gendarmerie stationné sur le terre plain situé face à l’ancien restaurant à l’abandon, le Kontiki.

Je suis désignée à une cinquantaine de mètres par un gendarme pour un contrôle routier. Après une vérification rapide des documents de mon véhicule, le gendarme qui s’avère être, l’adjudant Fouchez m’interroge : « Avez-vous bu de l’alcool ? « Non». « Avez-vous consommé un stupéfiant ? ». « Oui, en carbet. ». « Quel stupéfiant ?», ajoute t-il ? « Du cannabis. ». « Avez-vous du cannabis dans votre véhicule ? » « Non ».

A ce moment, l’adjudant-chef m’invite à sortir du véhicule pour effectuer un test de dépistage salivaire. « Nous effectuons un contrôle de dépistage de stupéfiants » me dit-il. « Si le test de dépistage s’avère positif, alors un prélèvement salivaire est obligatoire », ajoute-t-il.

« Pas de problème, je vous ai dit avoir consommé du cannabis en carbet », je lui réponds. « Oui, vous l’avez reconnu de suite, ce sera notifié  dans mon rapport», me dit l’adjudant-chef.

17h15. C’est alors qu’il me remet un test de dépistage salivaire, qui consiste à faire disparaître une trace rouge autour d’un tube. Très rapide, deux minutes plus tard, le résultat est « positif au THC » indique rapidement l’adjudant Fouchez.

17h25. Le résultat du test salivaire étant « positif », je dois effectuer un prélèvement salivaire. Mis dans une enveloppe, il sera envoyé au laboratoire de toxicologie médicale (ToxLab, Eurofins ndlr)  « en France » pour analyser les résultats qui seront connus dans un délai de « cinq jours ». C’est à dire au plus tard, vendredi 5 décembre 2025.

17h30. L’officier me remet un formulaire informant d’une possibilité de réaliser une contre-expertise. « Je n’en ferai pas».

La procédure est lancée. Le gendarme m’explique que mon véhicule doit être immobilisé et qu’une « rétention du permis de conduire de 120 heures » est obligatoire.

Les résultats de mon prélèvement salivaire seront communiqués par « la gendarmerie de Matoury », m’informe l’adjudant Fouchez.

Dans la continuité, il m’explique que si le prélèvement salivaire est positif , alors c’est «le retrait de permis pendant six mois, une audition à la gendarmerie et une convocation en justice».

« J’assume mes actes », a répondu l’auteure de ces lignes, à l’adjudant Fouchez. Il me remet un document à signer intitulé : «  Avis de rétention d’un permis de conduire ». (article L.224-1 à L.224-3 et R.224-19 du Code de la route). J’ai signé cet avis, dimanche 30 novembre à 17h10 (heure du contrôle).

« Si quelqu’un peut venir vous chercher et conduire votre véhicule, c’est possible. Normalement, c’est une mise en fourrière au prix de 250 euros », m’informe l’adjudant Fouchez.

17h38. J’appelle la personne avec laquelle je suis partie en carbet pour conduire mon véhicule jusqu’à mon domicile. Mon véhicule est resté stationné durant « 120 heures ».

Vendredi 5 décembre, à 9h je reçois l’appel de l’adjudant Fouchez : « je n’ai pas de nouvelles des résultats du prélèvement donc vous pouvez reprendre le volant ».

Je lui réponds : « quand aurez-vous des nouvelles ? » Il rétorque : « je regarde ma boite mail, je l’actualise en ce moment toutes les 30 secondes et je vous tiens au courant. Dans tous les cas, pas avant lundi. Je vous rappellerai en milieu, fin de semaine prochaine. Tant que je n’ai pas les résultats du laboratoire, je ne peux pas informer la préfecture de Cayenne. Dans tous les cas, vous pouvez reprendre le volant. C’est cinq jours à partir du contrôle. »

Je poursuis notre échange téléphonique : « Vous m’autorisez à reprendre le véhicule avant 17h10 ou à partir de 17h10 comme indiqué sur l’avis que j’ai signé.»

L’adjudant Fouchez confirme: « Aujourd’hui, 17h10, exactement. Si vous avez un accident grave avant, ça va être compliqué pour vous. J’ai un peu d’avance pour vous appeler. En tous cas aujourd’hui je n’aurai pas de réponse du prélèvement.»

Lundi 8 au 13 décembre. Toujours pas de nouvelles de l’adjudant, pas de notification de la préfecture de Guyane.

Vendredi 12 décembre. Je décide de consulter mon Relevé d’information restreint (RIR) et intégral (RII) via « mespoints.permisdeconduire.gouv.fr ». Je suis enfin fixée:mon permis de conduire est suspendu pour 6 mois.

Samedi 13 décembre. J’ai deux appels manqués de l’adjudant Fouchez : à 17h11 et 17h12. Puis, son sms à 17h14 : « Je vous informe que la préfecture de Cayenne a pris à votre encontre une mesure de suspension de votre permis de conduire pour une durée de 06 mois. Dès que j’obtiens une disponibilité vous serez convoquée à la Brigade Motorisée de Matoury. »

Lundi 15 décembre. Audition libre à la gendarmerie de Matoury

Ce lundi matin 15 décembre à 09h09, l’adjudant Fouchez me convoque à 14h30 à la gendarmerie de Matoury.

« Je vous explique le protocole : notification du résultat (positif au THC), notification des droits, audition libre, photo et empreinte. Ensuite, j’envoie un message au magistrat en lui expliquant le déroulement lors du contrôle de l’ensemble des faits comme votre comportement exemplaire, pour statuer sur la réponse pénale.»

16h30. Mon audition libre à la gendarmerie de Matoury est terminée. L’arrêté préfectoral de suspension de mon permis de conduire pendant six mois daté du 9 septembre 2025 a été notifié par l’adjudant Fouchez. Cette décision peut-être contestée devant le tribunal administratif, dans le délai de deux mois à compter de sa notification. Dans ce même délai, un recours gracieux peut-être formé auprès des services de la préfecture.

Enfin, une convocation en justice sera délivrée.

« Avez-vous autre chose à ajouter au procès-verbal ?  » avait demandé l’adjudant, lors de mon audition libre. « Oui, je regrette mon acte. »

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Toutefois, au regard de la situation et après ces 15 derniers jours de réflexion, je vous annonce qu’après 20 années de belles réalisations professionnelles et d’un parcours semé d’embûches, j’ai décidé de tourner la page en 2026.

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Par Katia Leï-Sam, directrice de la rédaction et fondatrice de Guyaweb (2005-2025)