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Marcelline Martinon, Kylian Besube, Jean-Benoît Agathe et Marving Belizon ont perdu dimanche lors du crash d'avion de tourisme en Dominique. Des proches leur rendent hommage.
Elle m'a dit : « Papa, ne t'inquiète pas »
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Marcelline Martinon, 24 ans, aînée d'une famille de quatre enfants (deux sœurs et un frère) habitait au Vauclin et travaillait à la mairie du Lamentin. Apparentée au commandant du Cessna 172 S, Jean-Benoît Agathe, elle faisait partie des passagers assis à l'arrière de l'appareil. Elle avait participé à ce déplacement en Dominique notamment pour des prises de vues, car elle était attirée, ces derniers temps, par l'audiovisuel. « Elle s'était fournie en matériel », confirme son père, Christian Martinon. « Il y a un peu plus de deux ans, elle avait commencé à créer des spots pour des gens. » Et de rendre hommage à sa fille : « Elle était gentille, sociable, polie, respectable, serviable. Elle était proche des gens, elle n'hésitait pas à les aider, à les déposer à leur travail. Elle rendait beaucoup de services. »
Cependant, le père de Marcelline ne cache pas sa colère. « Je suis furieux pour deux choses », insiste-t-il. « Je n'ai pas compris pourquoi les autorités dominiquaises n'ont pas pris au sérieux le mauvais temps qu'il y avait sur la Caraïbe depuis le jeudi 23 janvier. On aurait dû interdire à Jean-Benoît de décoller. Si le temps avait été clément, les jeunes seraient aujourd'hui avec nous. » Christian Martinon poursuit : « J'ai eu Marcelline le dimanche matin, à 9h15, en vidéo. Elle m'a dit : "Papa, je t'appelle pour te dire que tout va bien, on décolle cet après-midi. Par contre, on n'est pas sûr de décoller, parce qu'il fait très mauvais ici". Alors je lui sors : "Mais Marcelline, si vous avez constaté ça, restez en Dominique, attendez lundi". Et puis elle m'a dit : "Papa, ne t'inquiète pas. De toute façon, si ce n'est pas possible, on ne va pas partir". »
Autre sujet de colère : « Ce mardi (ndlr : hier), depuis 13h, des amis m'appellent pour me dire que ma fille est décédée, qu'ils ont entendu le préfet à la radio présenter ses condoléances aux familles. Je leur dis que je ne comprends pas, puisque les autorités ne m'ont pas encore appelé. Finalement, j'ai reçu un appel de la gendarmerie à 15h25 pour m'informer du décès de ma fille. Comment le monde entier a pu être au courant avant moi ? C'est incompréhensible ! Mais c'est vraiment ce qui s'est passé »!
« C'est un garçon qui devait aller loin »
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Plusieurs jeunes fréquentant le centre de formation d'apprentis Ciel Outre-mer (CFACIOM) avaient participé le week-end dernier à la sortie en avion en Dominique. Parmi eux : Kylian Besube, 22 ans. Il se trouvait dans le Cessna 172 S, qui s'est écrasé. Marie-Claude Valide, présidente-fondatrice du CFACIOM, ancienne commandante de bord, a accepté de nous parler de cet apprenti qu'elle connaissait bien. « Il faisait partie de notre école, depuis le début », témoigne-t-elle. « Son parcours était très intéressant. Il nous a rejoints à la fin de sa deuxième année de licence de mathématiques. » Kylian s'est essayé au vol, mais c'est finalement la mécanique qui l'a le plus intéressé. « Étant assez rigoureux, il avait en effet choisi d'être mécanicien et spécialisé dans la réglementation en matière de maintenance et d'entretien des avions », poursuit Marie-Claude Valide. « C'était un garçon très précieux, charmant, doté d'un humour spécial. C'était un très bon élève, qui savait où il allait. C'est quelqu'un que j'aimais beaucoup. » Actuellement en deuxième année, il entendait décrocher un bac professionnel puis une licence de technicien, avec des modules de réglementation en matière d'entretien des avions. « C'est un garçon qui devait aller loin. Ses parents peuvent en être très fiers. Il nous manquera à tous. »
Jean-Benoît Agathe, un jeune pilote qui aimait transmettre
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Passionné d'aviation, Jean-Benoît Agathe était « né pour être pilote » Ce jeune homme brillant et déterminé avait décroché sa licence de pilote privé d'avion en septembre 2022 et avait enchaîné avec plusieurs autres formations. Il possédait tous les diplômes nécessaires pour voler sur des avions de court et moyen courrier. Il exerçait en tant qu'instructeur, partageant sa passion avec les élèves qu'il formait.
« Marving était un garçon brillant et généreux »
Marving Belizon, né le 16 novembre 1984, est l'une des 4 victimes de cet effroyable crash. Il assistait, sur ce vol, Jean-Benoît Agathe, en tant que co-pilote. L'annonce de son décès a plongé dans une peine immense tous ceux qui l'ont connu. « "C'est un jeune que j'ai vu grandir," confie, très ému, Alfred Céphise, responsable du service des sports à la mairie de Sainte-Luce, commune dont était originaire la victime. "Marving était un garçon doté de nombreuses qualités. Il était calme, réservé, généreux et très brillant. Il était efficace dans tout ce qu'il entreprenait." Ingénieur de métier, Marving Belizon exerçait dans la fonction publique depuis plusieurs années. Il a mis ses compétences au service de plusieurs collectivités locales, laissant derrière lui l'image d'un professionnel doué et engagé. « J'adresse mes sincères condoléances à toute sa famille ainsi qu'à ses proches, ajoute Alfred Céphise. Mes pensées les accompagnent dans cette épreuve difficile ».