Dieudonné Mbala Mbala : «je suis Afro-descendant et je suis Guadeloupéen ethniquement parlant»

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Le candidat Dieudonné MBala MBala a surpris tout le monde en annonçant sa candidature dans la 1ère circonscription de Guadeloupe lors des dernières législatives. Une initiative qui lui a paru évident compte-tenu de son ancrage et de sa connaissance de l’île. L’humoriste veut d’une Guadeloupe qui cesse de regarder uniquement vers l’Hexagone.

Vous allez tenter de ravir la première circonscription de Guadeloupe lors des élections législatives, qu’est-ce qui vous a motivé à vous présenter aux élections législatives et pourquoi en Guadeloupe ?

La dissolution de l’Assemblée nationale a surpris tout le monde. J’étais en Guadeloupe il y a quelques semaines pour un spectacle et j’ai ressenti le pouls de l’île. Après cette dissolution, j’ai senti que c’était le moment où je devais me présenter. Il y a un taux d’abstention important mais aussi une résistance qui m’inspire sur ce territoire. En France, nous avons eu le mouvement des gilets jaunes et nous l’avons vu ici avec la forte résistance contre l’obligation vaccinale. J’ai été encouragé par de nombreux Guadeloupéens, notamment des artistes. Ma candidature pourra mobiliser. 

Quelles sont les valeurs que vous défendez ?

Je me présente sous l’étiquette des BRICS (ndlr : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Je soutiens l’idée que les Afro-descendants doivent s’émanciper d’une France, qui s’est radicalisée du côté atlantique, alors que le monde est aujourd’hui multipolaire. Il y a des pays émergents et, en tant qu’Afro-descendant, j’ai envie d’être une passerelle entre le peuple guadeloupéen et son continent mère qu’est l’Afrique. Je sais qu’aujourd’hui, il y a une génération de Guadeloupéens qui souhaite un retour aux sources. Nous ne serons jamais des Occidentaux. Les Guadeloupéens n’ont plus rien à attendre de l’Occident : on envoie des milliards en Ukraine alors qu’il n’y a pas d’eau en Guadeloupe. C’est injurieux.

Pouvez-vous nous parler des principales mesures de votre programme électoral ?

• Un soutien inconditionnel au combat des Kanaks. Une demande de libération immédiate de Christian Tein, chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), collectif pro-indépendantiste en Nouvelle-Calédonie. Je me rendrai en Nouvelle-Calédonie et je pense être l’un des rares à pouvoir ramener la paix sur l’île. Poutine a prévenu : c’est une guerre généralisée. La Kanaky est le laboratoire de cette guerre par procuration et le danger menace les Antilles. Il y a partout des livraisons d’armes pour créer le chaos.

• Les Russes ne sont absolument pas nos adversaires, ils n’ont pas eu de colonies en Afrique. Je ferai un voyage en Russie pour dire que nous ne sommes pas l’ennemi occidental. Nous voulons travailler à la paix et éviter que les armes ne se répandent sur la planète. En Afrique, on l’a vu face à l’armée française qui recule et aux armes russes qui arrivent. Il faut négocier pour éviter la prolifération d’armes partout dans le monde.

Vous étiez aux dernières élections européennes sous la bannière ” France Libre “. A quel regroupement politique êtes-vous affilié pour ces législatives ? 

Le mouvement France Libre s’est structuré, et je suis aujourd’hui sous la bannière des BRICS. C’est un projet de paix international. Je pense que ce ne sont pas les Occidentaux, et l’armée américaine notamment, qui doivent faire la loi dans le monde. Le peuple guadeloupéen, qui est mon peuple, africain et français, a toujours été considéré comme un sous-peuple et n’a plus rien à faire sous cette domination occidentale. Il y a plein de pays émergents qui sont en train de se développer, comme des pays d’Amérique du Sud ou d’Afrique comme l’Éthiopie, qui doivent compter.

Comment envisagez-vous d’améliorer la sécurité en Guadeloupe ?

La livraison d’armes par la France à l’Ukraine a provoqué en réponse une réaction consistant à armer tous les mouvements populaires nationalistes et identitaires dans le monde. Si l’on veut garantir la sécurité des Guadeloupéens, il faut éviter la prolifération des armes. Pour cela, il est nécessaire de prendre ses distances par rapport aux décisions de la France d’armer l’Ukraine. La sécurité des Guadeloupéens dépend d’un contexte international. Tout le monde sait que la situation est tendue entre le peuple guadeloupéen et le pouvoir blanc, béké, occidental. Il est très facile d’attiser les tensions en envoyant des armes, comme c’est déjà le cas en Afrique. Il est urgent d’engager un dialogue avec les BRICS : nous sommes un peuple qui veut vivre en paix et nous ne voulons pas d’armes sur notre territoire.

Comment répondez-vous aux critiques entourant votre candidature, notamment sur le fait que vous ne résidez pas en Guadeloupe ?

Je suis Afro-descendant et je suis Guadeloupéen ethniquement parlant. Dans mon mélange, dans ma culture, je suis chez moi en Guadeloupe même si je n’y habite pas pour l’instant. J’ai une double nationalité camerounaise. Je serai la passerelle pour que les jeunes Guadeloupéens retrouvent une histoire cohérente. Nous sommes une seule et même famille. Il y a eu ces années d’esclavage qui nous ont séparés et je vais inviter le peuple guadeloupéen à revenir sur sa terre-mère tout en gardant leur terre africaine de Guadeloupe. Je suis en Guadeloupe chez moi. Je suis sous bracelet électronique, je dois donc demander à un juge d’application des peines une autorisation, mais je devrais être en Guadeloupe dès mercredi pour tenir un meeting.