Elon Musk propage une fake news sur un «attentat» fictif en Guadeloupe

Les faits sont pourtant clairs et documentés. Vendredi 5 décembre vers 19h45, à Sainte-Anne, un automobiliste de 45 ans, en état d'ébriété et sous l'emprise de cannabis, a percuté un food-truck avant de finir sa course dans un groupe de piétons. Bilan : 19 blessés, dont 7 enfanrts, tous pris en charge et sans pronostic vital enagé. L'information a été rapportée en temps réel par l'AFP, France-Antilles, Guadeloupe La 1ère et d'autres médias. Mais cette réalité n'a pas résisté à la machine à désinformamtion. 

Samedi après-midi, Tommy Robinson, fondateur du mouvement islamophobe English Defence League, s'est emparé de l'événement. Sur son compte X (près de 2 millions d'abonnés), il a posté : "10 morts après qu'une voiture a été conduite dans une foule préparant un marché de Noël en Guadeloupe française. Les médias traditionnels n'en parlent pas". Il accompagnait son message de vidéos hors contexte, laissant délibérément entendre un acte terroriste. Quelques minutes plus tard, Elon Musk a partagé ce message à ses 170 millions d'abonnés, ajoutant seulement le mot "Again" ("Encore"). Ce simple retweet, lourd de sous-entendus, a implicitement inscrit l'accident guadeloupéen dans une série d'attentats réels (Berlin, Strasbourg, Dijon), créant un parallèle frauduleux et anxiogène.

Une désinformation qui trouve écho dans les théories complotistes

Sur la plateforme X, le récit mensonger a immédiatement fructifié. Sous les publications de Robinson et Musk, des milliers d'utilisateurs ont spéculé sur l'identité et la religion du conducteur, dénonçant un "silence médiatique" complice et un prétendu "wokisme" protecteur. La vérité, un conducteur ivre et drogué, a été submergée par des récits alternatifs nourrissant la peur et la division.

Un contexte lourd : l'UE sanctionne X le jour même

Ironie du calendrier, vendredi 5 décembre, l'Union européenne a infligé à X sa première amende (120 millions d'euros) dans le cadre du Règlement sur les Services Numériques (DSA), pour manquement dans la lutte contre les contenus illégaux. Elon Musk a répliqué en affirmant que "l'UE devrait être abolie". Ce contexte renforce les critiques sur le rôle actif que joue le propriétaire de la plateforme dans la propagation de contenus trompeurs et dangereux.

Cet épisode expose un schéma redoutable : un fait divers local est détourné par des acteurs d'extrême droite, puis amplifié de manière exponentielle par l'algorithme et le propriétaire même du réseau social. Le résultat est une fracture de la réalité, où des dizaines de millions de personnes sont exposées à une narration fictive et anxiogène, tandis que le travail des journalistes et la souffrance des victimes réelles sont relégués au second plan.