Emmanuel Macron écourtera sa tournée dans l’océan Indien pour se rendre aux obsèques du pape et

"Nous serons aux obsèques du pape, comme il se doit ", a déclaré le chef de l’État lors d’un point presse tenu sur l’île française de La Réunion.

L’Élysée a ensuite précisé qu’il ne pourra en conséquence pas se rendre comme prévu à Maurice vendredi, afin de pouvoir être présent à Rome samedi pour les funérailles du pape François, où sont attendus des centaines de milliers de fidèles, mais aussi des dirigeants étrangers, comme les présidents américain Donald Trump et ukrainien Volodymyr Zelensky.

À la place, M. Macron rencontrera M. Navin Ramgoolam, Premier ministre de la République de Maurice, en marge du Sommet de la Commission de l’océan Indien (COI), à Madagascar jeudi, a ajouté l’Elysée.

À Maurice, dernière étape d’une tournée initialement prévue sur cinq jours, le chef de l’Etat français devait notamment aborder le thème de la protection des océans face à la pollution plastique.

À La Réunion, il a répondu mardi aux inquiétudes des habitants de cette île meurtrie par le cyclone Garance et très affectée par une épidémie de chikungunya qui a fait six morts sur l’île depuis le début de l’année.

Quelque 100.000 personnes, soit un habitant sur neuf, pourraient avoir été contaminées par cette maladie infectieuse transmise par le moustique tigre, un impact pour l’instant moindre que celui de 2005-2006, marqué par plus de 260.000 cas et plus de 250 décès.

Début avril, 40.000 doses du vaccin Ixchiq, le premier ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché en Europe, sont arrivées à l’île française de La Réunion pour lancer la campagne de vaccination. Elles sont destinées aux personnes de 65 ans et plus, présentant des comorbidités.

Dispositif d’urgence

 "Nous sommes le premier pays au monde à avoir acheté autant de doses disponibles de ce tout nouveau vaccin", a relevé Emmanuel Macron lors d’un point presse à l’issue d’un rapide bain de foule avec des habitants de Saint-Denis de La Réunion.

Il faut aussi mettre en place  "toutes les mesures de protection et de prévention, surtout pour les mamans enceintes" , a ajouté le président, devait échanger dans la journée avec l’Agence régionale de la santé (ARS) pour faire un point global sur l’épidémie.

Les difficultés restent palpables. Le directeur général du centre hospitalier de La Réunion, Lionel Calenge, a ainsi demandé l’envoi de renforts médicaux face au risque de saturation des centres de santé, évoquant  »une grosse tension sur nos capacités«  d’accueil des patients.

 "Si des renforts sont nécessaires, ils seront mis en place" , a promis mardi Emmanuel Macron.

Autre défi pour La Réunion, le passage du cyclone Garance, le 28 février, a généré près de 250 millions d’euros de dégâts, dont 150 pour le seul secteur agricole, selon de premiers bilans.

Le président a rencontré dans la matinée des exploitants agricoles et annoncé la mise en place  "d’ici à juin"  d’un  "dispositif d’urgence" . Il envisage notamment d’augmenter "autour des 1.000 euros"  par hectare l’aide ponctuelle pour les planteurs de canne.

La canne à sucre représentant 53% de la surface agricole de l’île.

À la même époque, l’an passé, le cyclone Bilal avait déjà mis à terre les productions de l’île, deux cyclones en deux ans qui témoignent de l’augmentation et de l’intensification de ces phénomènes météorologiques.

La souveraineté alimentaire sera au cœur du cinquième sommet de la Commission de l’océan Indien jeudi à Madagascar.

Renforts militaires

La Réunion y est représentée aux côtés de Madagascar, Maurice, des Comores et des Seychelles, mais pas Mayotte, les Comores s’opposant à l’intégration de l’archipel dans l’organisation en raison d’un contentieux colonial.

Emmanuel Macron va y réaffirmer le  rôle stratégique de La Réunion dans la zone indo-pacifique  "où la France aspire à se poser en puissance régionale au côté des États-Unis, de la Chine ou l’Inde".

 "Depuis 2018, la France a une stratégie indo-pacifique. Nous avons mis beaucoup plus de moyens militaires et diplomatiques ces dernières années, et cela va encore se renforcer", a relevé mardi le chef de l’Etat.

 "Nous allons ici, à La Réunion, augmenter d’environ 200 le nombre de militaires présents"  qui  "vont passer d’environ 1.600 à 1.800", a-t-il ajouté, s’appuyant sur la dernière loi de programmation militaire. Dans la zone indo-pacifique, on a  "plus de 8.000 militaires",  "les meilleurs équipements sur le plan maritime, aérien ou terrestre",  "des missions régulières qui se multiplient", a-t-il détaillé.