En Papouasie-Nouvelle-Guinée, le pape dénonce les violences tribales et l’exploitation inégale des ressources

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Le pape François, accueilli par les danses et les chants traditionnels de Papouasie-Nouvelle-Guinée, a appelé samedi ses dirigeants à “arrêter la spirale” des violences tribales ancestrales et à mieux valoriser les riches ressources naturelles de ce pays pauvre du Pacifique Sud.

François, 87 ans, est arrivé vendredi pour une visite de trois jours dans ce pays multi-ethnique à majorité chrétienne, l’un des Etats les plus instables du Pacifique, deuxième étape d’une tournée marathon dans quatre pays d’Asie du Sud-Est et d’Océanie.

Samedi après-midi, au son des chants et des tambours, le pape a été accueilli par des danses traditionnelles des tribus locales venues de tout le pays, lors d’une rencontre avec un millier de jeunes, étudiants et enfants des rues dans une école pour filles de la capitale Port Moresby, gérée par l’association Caritas.

Lors d’un premier discours dans la matinée devant les autorités et le corps diplomatique, le jésuite argentin a appelé à “arrêter la spirale” des violences tribales ancestrales qui ont tué ou déplacé des dizaines de milliers de personnes dans le pays.

Ces violences “ne permettent pas de vivre en paix et entravent le développement”, a-t-il lancé alors que ces affrontements, endémiques depuis des siècles, ont gagné en intensité ces dernières années.

Malgré les efforts du gouvernement pour les endiguer, les exactions commises s’avèrent souvent particulièrement violentes, les victimes étant découpées à la machette, brûlées, mutilées ou torturées.

Ambiance festive

Le pape a également appelé à “valoriser les ressources naturelles et humaines” de ce pays de 11,8 millions d’habitants pour le bénéfice de “toute la communauté”, alors qu’à peine plus de 10% des foyers ont accès à l’électricité.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée possède de vastes réserves d’or, de cuivre, de nickel, de gaz naturel et de bois qui ont attiré les investissements de nombreuses multinationales.

“Même si leur exploitation nécessite l’intervention de compétences plus vastes et de grandes entreprises internationales”, ces dernières ne devraient pas être les seules à en bénéficier, a estimé le pape argentin.

“Il est juste que les besoins des populations locales soient dûment pris en compte dans la répartition des revenus et dans l’emploi de la main-d’œuvre, afin d’améliorer effectivement leurs conditions de vie”, a-t-il insisté, reprenant un thème fort de son pontificat.

Selon une étude récente de la Banque mondiale, le PIB par habitant du pays a augmenté de plus d’un tiers entre 2009 et 2018, grâce au boom des ressources.  Mais sur la même période, le pourcentage de personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour est resté quasi stable.

Pour Jonathan Kais, originaire de la petite province de Manus (île du nord) , membre d’une des multiples tribus de ce pays qui compte plus de 800 langues autochtones et de nombreux rites indigènes, ce discours est “une bonne chose”.

“Jusqu’ici, les services que nous recevons dans nos villages de la part de nos dirigeants ne sont pas très bons, (par rapport à) ce qu’ils perçoivent des ressources du pays”, confie à l’AFP ce jeune homme de 22, qui porte autour du bras un bracelet de coquillages et de graines et des bouquets de feuilles dans le dos.

Visite historique

En fin d’après-midi, le chef spirituel des 1,3 milliard de catholiques a participé à une rencontre avec le clergé local dans un sanctuaire marial, et s’est de nouveau offert un bain de foule dans les allées de l’église. 

Dimanche matin (00H00 GMT), il présidera une grande messe dans un stade et effectuera dans l’après-midi un aller-retour éclair à Vanimo, dans l’extrême nord-ouest du pays, où il rencontrera des fidèles et des missionnaires.

Après une étape de trois jours à Jakarta, François a été accueilli vendredi soir à Port Moresby, où sa visite suscite un enthousiasme massif, comme en Indonésie.

Par air, par mer ou à pied, les pèlerins ont afflué vers la capitale ces derniers jours. Des rues auparavant poussiéreuses ont été balayées, les marchands ambulants ont été chassés et les drapeaux jaune et blanc du Vatican sont suspendus aux lampadaires, où ils flottent sous la brise chaude de la mer de Corail.

François est le premier pape à visiter cette ancienne colonie australienne depuis Jean-Paul II, qui y avait attiré des foules gigantesques en 1984 et 1995.

Environ 98% de la population est chrétienne, dont 25% catholique. Mais ces chiffres sont loin de refléter la richesse des croyances et des coutumes de ce pays aux plus de 850 groupes ethno-linguistiques.

Après cette étape, François rejoindra le Timor oriental puis Singapour, où il clôturera cette tournée de 12 jours, la plus longue et lointaine depuis son élection en 2013.

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