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France: des vidéos des viols de Mazan diffusées en public

04 October 2024
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Pour la première fois vendredi des vidéos et photos ont été diffusées en présence du public au procès des viols de Mazan, à Avignon (sud de la France), sans pour autant faire évoluer les accusés concernés qui ont presque tous maintenu qu’ils pensaient participer à un « scénario » libertin.

Revenant sur la décision initiale de son président, Roger Arata, la cour criminelle de Vaucluse a en effet décidé à la mi-journée, après un long débat entre les parties, que les images diffusées lors ce procès emblématique des violences faites aux femmes et de la soumission chimique le seraient désormais en présence de la presse et du public.

Les avocats de la victime, Gisèle Pelicot ont qualifié la décision de « victoire ».

« Mais une victoire dans un combat qui n’aurait pas dû être mené », a estimé Me Stéphane Babonneau, selon qui le droit français a accordé aux victimes de viols depuis plus de 40 ans le droit de décider de la publicité ou non des débats.

Et dès l’audience de l’après-midi, 22e journée de ce procès ouvert le 2 septembre, neuf vidéos et une poignée de photos ont été montrées. Toutes concernaient les sept accusés, sur les 51 jugés, dont les cas étaient examinés cette semaine.

La diffusion de ces images, soigneusement archivées par Dominique Pelicot, qui a reconnu avoir drogué son épouse Gisèle de 2011 à 2020, à son insu, afin de la violer et de la faire violer par des dizaines d’hommes recrutés sur internet, a pour objectif de confronter les accusés à leurs déclarations.

La plupart affirment en effet avoir cru participer au fantasme d’un couple échangiste ou ne pas s’être rendu compte de l’état d’inconscience de Gisèle Pelicot.

« Toujours aucun souvenir »

Pendant près d’une heure et demie, ces images ont été montrées sur les écrans d’une salle d’audience retenant son souffle, et sur ceux d’une salle annexe où une soixantaine de membres du public avaient pu prendre place.

Gisèle Pelicot, sur le banc des parties civiles, est restée la plupart du temps penchée sur son téléphone portable, tandis qu’en face d’elle, dans le box des accusés, de l’autre côté de la salle, son ex-mari se cachait les yeux d’une main ou détournait le regard.

Les autres accusés ont adopté des attitudes variées: les uns se regardant sans broncher s’affairer autour de Gisèle Pelicot, gisant sur le lit de la chambre du domicile conjugal à Mazan, d’autres préférant regarder le sol.

Brièvement interrogés, tous ont toutefois maintenu leur ligne de défense.

Jean T., 52 ans, affirme qu’il n’a « toujours aucun souvenir » de cette soirée. Redouane E. assure qu’il était « terrorisé » par Dominique Pelicot, même si « ça ne se voit pas ». Un troisième explique ne pas avoir entendu les ronflements de Gisèle Pelicot ou avoir « espéré qu’elle se réveille à la fin ».

« Même en voyant ça, ça ne suffit pas ? Qu’est-ce qu’il leur faut pour qu’on la croie, qu’elle soit morte? », s’indignait Elise Pinas, 25 ans, en sortant de la salle de retransmission réservée au public. « En colère », elle juge toutefois « très utile » la diffusion de ces vidéos.

Le 20 septembre, après la diffusion de premières vidéos et photos, le magistrat avait décidé d’exclure la presse et le public pour les projections ultérieures, en raison de leur caractère « indécent et choquant ».

Mais les avocats de Gisèle Pelicot avaient décidé de contester cette mesure, recevant vendredi matin le soutien du ministère public.

Pour son autre avocat, Me Antoine Camus, ces vidéos « font s’écrouler la thèse du viol accidentel » et montrent qu’il « était en réalité question de haine de la femme ».

« La justice n’a pas besoin de ça pour passer, à quoi bon ces projections nauséabondes? », avait en revanche plaidé Me Olivier Lantelme, l’un des avocats de la défense.

Le verdict est attendu à la mi-décembre.