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France Travail réforme les contrôles : fin des radiations automatiques dès le 1er juin

28 May 2025
Cross Continental Forum Barbados

À partir du 1er juin, les demandeurs d'emploi ne seront plus radiés de façon "mécanique" en cas d'absence à un rendez-vous. France Travail adopte une approche plus individualisée, tenant compte des efforts réels de recherche d'emploi. Objectif : plus de justice et un meilleur accompagnement vers l'insertion professionnelle.

Jusqu'à présent, une absence non justifiée à une convocation pouvait entraîner une radiation automatique. Désormais, France Travail prend en compte le comportement global et les démarches actives (candidatures, formations, etc.) du demandeur. Une absence ponctuelle ne déclenchera plus systématiquement une sanction si la recherche d'emploi est avérée. 

Corine Sayag, directrice de la production de service régional à France Travail, explique : 

"On va mieux accompagner. Ceux qui n'ont pas eu d'entretiens depuis six mois, nous ne les radions plus mais nous les réorientons vers de la remobilisation.

Moins d'entretiens systématiques, plus d'efficacité 

Autre changement majeur : l'entretien ne sera plus obligatoire si le dossier du demandeur est complet et ses justificatifs suffisants. Ce dispositif, testé depuis juillet 2024 dans huit régions (dont La Réunion), a déjà permis de réduire les délais de traitement sans augmenter le taux de sanctions. Une évolution plus humaine, mais toujours exigeante : avec cette nouvelle approche, France Travail cherche à concilier équité et efficacité, tout en répondant aux besoins du marché du travail. 

En mars 2024, Gabriel Attal, alors Premier ministre, annonçait une mesure choc : tripler le nombre de contrôles des bénéficiaires de l'allocation d'aide au retour à l'emploi (ARE) d'ici la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron. Concrètement, 600 000 vérifications en 2024 devraient passer à 1,5 million en 2027. 

Cette augmentation massive s'inscrit dans la volonté du gouvernement de "lutter contre les fraudes" et d'inciter les chômeurs à "redoubler d'efforts" pour retrouver un emploi. Mais cette mesure suscite des inquiétudes chez les associations, qui craignent une "traque aux chômeurs" plutôt qu'une réelle politique d'accompagnement. 

Un contrôle invisible : vous ne saurez peut-être même pas que vous avez été vérifié 

La nouvelle méthodologie introduit aussi une opacité inquiétante : les chômeurs ne seront pas systématiquement informés qu'ils ont été contrôlés. Aujourd'hui, toute vérification donne lieu à un échange. Demain, un conseiller pourra examiner un dossier en silence et prendre une décision sans avertissement.

Pour le gouvernement, cette mesure permet de "gagner en efficacité" et de "simplifier les procédures". Mais pour les défenseurs des droits des chômeurs, elle risque de plonger les bénéficiaires dans l'incertitude, sans possibilité de se défendre avant une éventuelle sanction.

Un durcissement qui fait débat 

Si le gouvernement justifie cette réforme par la nécessité de responsabiliser les demandeurs d'emploi, les critiques dénoncent une politique punitive. Les syndicats et associations rappellent que la majorité des chômeurs cherchent activement du travail et que les fraudes restent marginales. 

Reste à voir si ce durcissement des contrôles atteindra son objectif affiché : relancer l'emploi plutôt qu'alimenter la précarité. En attendant, dès le 1er juin, les règles du jeu changent pour près de 3 millions de demandeurs d'emploi en France.