Fred Hermantin, ancien bâtonnier de Guadeloupe est décédé

Né en 1931, Maître Hermantin a consacré sa carrière à la défense des droits et à l'amélioration du système judiciaire en Guadeloupe.

Son cabinet, situé à Pointe-à-Pitre, était réputé pour son expertise en droit civil et en droit du travail. 

De brillantes études

Après de brillantes études secondaires au lycée Carnot, il quitte sa Capesterre natale pour poursuivre des études de droit à Bordeaux. Il obtient une licence puis un doctorat en droit public. Il obtient le CAPA (certificat d'aptitude à la profession d'avocat) et s'inscrit au barreau de Paris en 1954. Il s'inscrit au concours de la Conférence de stage du barreau de Paris. Il est classé 9e de la promotion conduite par le célèbre bâtonnier Mario Stasi. C'est le 1er Guadeloupéen admis à ce concours élitiste.

Il débute sa carrière après avoir été mobilisé par la France dans les rangs militaires en Algérie, où il restera deux ans. Il reprend ensuite le cours de son stage et réussit au concours de la Conférence de stage du barreau de Paris. Dans sa promotion : Michel Blum, Henri Leclerc, Philippe Lafarge, Éric Cordelier,etc. Le jeune avocat est attiré par les dossiers qui touchent le monde des affaires. Il devient secrétaire d'agréé, une catégorie d'avocats à part. Et ouvre son cabinet à Paris, au 60 rue Saint-Lazare. « Si on n'était pas fils d'archevêque, neveu de ministre ou fils de notable... C'était risqué, voire inconscient ! précise Me Jabot ». Il restera à Paris pendant 20 ans. Avant de regagner sa terre natale.

Un homme passionné et engagé

Ses qualités oratoires, la finesse de ses démonstrations, sa force de persuasion - reconnues par de brillants avocats tels Me Matarasso, de Felice, Labadie - le promettent à un bel avenir. Hors des murs du Palais. Humaniste, anticolonialiste et altruiste, l'homme s'engage contre le racisme, l'antisémitisme et avec d'autres il rejoint le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) en tant que vice-président. Avocat commercialiste, il se découvre une passion pour la défense pénale de ceux dont les libertés sont attaquées... À l'époque les Algériens, des Maghrébins. Puis au service des 18 Guadeloupéens du GONG (Groupe d'organisation nationale de la Guadeloupe), déférés devant la cour de sûreté pour atteinte à l'intégrité de l'État du 19 février au 1er mars 1968, suite au massacre de mai 1967.

Un retour pour participer à la libération de la Guadeloupe 

En 1975, Me Fred Hermantin démissionne du barreau de Paris et rejoint « le maquis », pour participer à la libération de la Guadeloupe. Il s'installe rue Alexandre Isaac et recrée l'atmosphère de son bureau parisien. Il s'investit dans son bareau et collabore activement avec les barreaux de la Caraïbe. Ses plaidoiries au palais de justice de Fort-de-France, de Pointe-à-Pitre et de Basse-Terre sont gravées et prises en exemple par ses confrères.

Il a raccroché sa robe, à l'âge de 88 ans, après 64 ans de fréquentation de salles d'audience.

La communauté juridique et les habitants de la Guadeloupe pleurent la perte d'un homme de conviction et d'action. Nos pensées vont à sa famille, à ses collègues et à tous ceux qui ont été touchés par son travail et son humanité.