Géorgie: 48 personnes arrêtées lors des manifestations pro-UE de la nuit
La police géorgienne a annoncé samedi avoir arrêté 48 personnes lors des manifestations pro-UE de la nuit, qui ont une nouvelle fois été dispersées à coup de canons à eau et de gaz lacrymogène dans ce pays en pleine crise politique.
Cette ex-république soviétique du Caucase est dans la tourmente depuis les élections législatives du 26 octobre, remportées par le parti au pouvoir du Rêve géorgien mais contestées par l'opposition pro-occidentale.
Des manifestations de rue ont éclaté la semaine dernière dans la capitale Tbilissi et dans d'autres villes après la décision du gouvernement de reporter à 2028 les efforts en vue d'intégrer l'Union européenne.
Au cours de neuf nuits de protestations, émaillées de violences, des milliers de manifestants se sont réunis devant le parlement et aux alentours face à la police, qui a dispersé la plupart des rassemblements par la force.
Dans la nuit de vendredi à samedi, "les forces de l'ordre ont arrêté 48 personnes pour désobéissance aux ordres légitimes de la police et vandalisme", a affirmé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
Les forces de l'ordre ont dispersé la foule après que "les actions de certains participants à la manifestation ont pris un caractère violent", des protestataires ayant insulté des policiers et leur ayant jeté des pierres, selon la même source.
Un policier a également été blessé par un tir de feu d'artifice, a précisé le ministère.
Arrestations d'opposants
Le commissaire géorgien aux droits humains, Levan Ioseliani, a pour sa part une nouvelle fois estimé que la police n'avait "pas de base légale pour disperser une manifestation pacifique".
Les journalistes de l'AFP ont vu au cours de la nuit la police antiémeute utiliser une nouvelle fois des canons à eau et du gaz lacrymogène alors que la foule se repliait à quelques mètres du bâtiment du Parlement.
"Nous nous battons pour notre liberté. Nous n'allons pas céder", a déclaré Nana, étudiante en médecine de 18 ans, enveloppée dans un drapeau géorgien.
La foule était vendredi soir moins importante que les nuits précédentes, mais des appels à un nouveau rassemblement samedi soir circulaient sur les réseaux sociaux.
Le gouvernement, accusé de dérive autoritaire prorusse par ses détracteurs, a adopté ces derniers jours un discours de plus en plus ferme envers le mouvement. Plusieurs figures de l'opposition ont été arrêtées et les bureaux de leurs partis ont été perquisitionnés par la police, qui affirme avoir saisi des feux d'artifice et des cocktails Molotov.
Le chef du parti d'opposition Akhali, Nika Gvaramia, a notamment été battu lors de son arrestation devant les caméras de télévision. Il a ensuite été condamné à 12 jours de prison.
Le dirigeant du groupe d'opposition Géorgie forte, Alexandre Elisachvili, a lui été placé en détention provisoire pour deux mois.
Plusieurs personnes ont également été arrêtées, accusées d'avoir "organisé les violences" lors des manifestations à Tbilissi, où les protestataires ont tiré des feux d'artifices sur la police.
"Bataille contre le libéralo-fascisme"
Vendredi, le Premier ministre Irakli Kobakhidzé s'est félicité de voir le ministère de l'Intérieur "neutraliser avec succès les protestataires". Il a affirmé avoir "remporté une bataille importante contre le libéralo-fascisme" en Géorgie, terme qu'il emploie pour qualifier ses opposants.
Le parti au pouvoir "n'a plus le pouvoir ou les ressources pour faire face au peuple", a soutenu de son côté vendredi à l'AFP le leader du parti d'opposition Lelo, Mamouka Khazaradzé.
Selon les autorités, 341 manifestants ont été arrêtés au total depuis le début du mouvement. Près de 150 policiers ont été blessés.
Les Etats-Unis et l'Union européenne, que M. Kobakhidzé accuse de "chantage", ont dénoncé cette répression, et Washington a menacé d'adopter de nouvelles sanctions.
Le 14 décembre, un collège de grands électeurs doit par ailleurs élire le nouveau président du pays, issu du camp du Premier ministre, pour remplacer à partir du 29 décembre la présidente actuelle pro-occidentale et très critique du gouvernement, Salomé Zourabichvili.
Cette ancienne diplomate française, qui ne dispose que de pouvoirs limités, a déjà annoncé qu'elle refusait de quitter ses fonctions tant que le gouvernement n'aurait pas organisé de nouvelles législatives.
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