La Brahman, première vache ultramarine égérie du Salon de l’agriculture !

C'est une petite révolution pour le Salon international de l'agriculture, à Paris. Pour l'édition 2026, l'égérie sera une vache Brahman, élevée en Martinique et en Guyane ! Ce sera la première fois qu'un animal issu des Outre-mer sera autant mis à l'honneur dans ce rendez-vous phare de la ferme France, qui se déroule de la fin du mois de février à la mi-mars. Une reconnaissance forte pour cette race tropicale et pour les éleveurs ultramarins.

La nouvelle a été officialisée au Palm, à Dillon, à Fort-de-France. Jérôme Despey, président du Salon de l'agriculture, présent en Martinique pour l'occasion, a salué “un moment historique”. André Proposer, l'éleveur trinitéen sélectionné, Hugues Pichard, président de Races de France et Sandrine Hayot, présidente de l'Union des éleveurs de bovins Brahman (UEBB) ont tous salué "une victoire collective".

Une race taillée pour les tropiques

La Brahman, race bovine issue du croisement de zébus indiens avec des vaches allaitantes du Texas au 19e siècle, est bien connue aux Antilles. Résistante à la chaleur, aux parasites et dotée d'une grande rusticité, elle s'est imposée comme un pilier de l'élevage tropical. "Elle est capable de perdre 150 kg et de les récupérer rapidement à l'arrivée des premières pluies", ajoute, en guise d'anecdote, l'éleveur André Prosper. Très fier, le Martiniquais est "très heureux" de pouvoir représenter son île au prochain salon. "C'est une grande joie et une reconnaissance pour les femmes et les hommes qui travaillent dans ce milieu. C'est aussi un message pour les jeunes qui ont délaissé l'agriculture sur notre île."

En Martinique, environ 12 000 bovins sont recensés, élevés essentiellement pour la viande. Environ 1 200 vaches Brahman y sont présentes. La filière, encore discrète à l'échelle nationale, joue pourtant un rôle crucial dans l'économie locale et la souveraineté alimentaire. Pour Sandrine Hayot, cette mise en lumière est “un tournant pour toute la profession”.

Une reconnaissance politique et symbolique

L'idée d'une vache égérie venue d'Outre-mer est née lors d'un événement au Space de Rennes. L'Union des éleveurs de Brahman a lancé la démarche, soutenue par Races de France et les services du ministère de l'Agriculture. En février 2025, la candidature martiniquaise est validée.

Pour Hugues Pichard, cette désignation va bien au-delà d'un simple choix animalier : “Elle marque l'ouverture du Salon à toute la diversité des agricultures françaises.” Pour Jérôme Despey, "c'est un message fort envoyé à la jeunesse ultramarine, qui montre que le monde agricole est ouvert à tous les territoires”.

Une vitrine sans précédent

En février 2026, la Brahman martiniquaise prendra donc place dans le hall 1 de la Porte de Versailles, sous les projecteurs. Près de 600 000 visiteurs sont attendus pour découvrir cette race peu connue du grand public. Une visibilité inédite pour l'élevage tropical.“Ce sera un moment d'émotion, mais aussi de fierté”, assure André Prosper. “Cette vache porte notre histoire, notre environnement, notre travail.” Et désormais, elle portera aussi le visage d'un Salon qui s'ouvre un peu plus aux Outre-mer.