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La justice égare le dossier d’un trafiquant martiniquais

19 March 2025
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À Paris, J.S.

C'est un « loupé » de la justice révélé par nos confrères du Parisien : un Martiniquais mis en cause pour trafic de stupéfiants entre Fort-de-France et l'Hexagone a été « définitivement relaxé » parce que la cour d'appel de Paris a « égaré » son dossier.

Des kilos de cocaïne, un trafic international entre la Martinique, la France et le Maroc et un dossier qui finit par « s'évaporer » entre deux juridictions : l'affaire révélée le 16 mars dernier par nos confrères du Parisien est extraordinaire à de nombreux égards.

En 2015, les douaniers de Fort-de-France mettent un coup d'arrêt à un trafic de cocaïne entre la Caraïbe et l'Hexagone. Un vaste coup de filet permet l'arrestation de personnes présentée par la justice comme « receleurs », « logisticiens » ou encore « récupérateurs » de drogue. Les blocs de drogue étaient cassés au marteau, empaquetés dans du scotch, recouverts de crème Nivea et de café, au milieu de fruits et de légumes, pour tromper les chiens policiers.

Les colis partaient ensuite de Fort-de-France pour rejoindre la région parisienne.

L'enquête met au jour un trafic « cocaïne contre cannabis » avec un volet « marocain » du dossier. Quasiment tous originaires de Martinique, les prévenus sont condamnés par le tribunal correctionnel de Créteil à des peines allant de un à dix ans de prison, certaines personnes se trouvant en situation de récidive légale.

Un cas isolé

Problème : le principal suspect, surnommé « Champion », fait partie des condamnés, mais il manque à l'appel, la justice n'a pas réussi à l'interpeller à temps. Finalement arrêté en 2016, il fait immédiatement appel et soulève plusieurs points de procédure afin d'obtenir sa libération. En tout, il ne fera que quelques semaines de prison. Libéré, « Champion » fait appel de l'ensemble de l'instruction et pointe de nombreuses irrégularités dans la manière dont l'enquête a été menée. La Cour d'appel de Paris renvoie alors la procédure depuis le départ pour purger les irrégularités. Par la suite, la procédure a été renvoyée onze fois, avant que les magistrats ne se rendent compte que le dossier a été « égaré ». En 2024, enfin, la cour d'appel écrit que « le dossier ayant disparu, [le prévenu] ne pouvant être jugé, il sera relaxé des fins de la poursuite. » Cet arrêt de la cour d'appel est décrit comme « rarissime ». « C'est un cas isolé sur les 15 000 décisions rendues chaque année » ont tenu à relativiser les autorités auprès du journal Le Parisien.

Désormais, les procédures sont numérisées et le « Champion » ne pourrait probablement plus passer entre les mailles du filet. Âgé aujourd'hui de 37 ans, il est tout à fait libre et a été « définitivement relaxé ».