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L’alerte sanitaire derrière le fléau du blanchiment de la peau

29 December 2025
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Malgré les mises en garde des autorités, la pratique de l'éclaircissement de la peau persiste en Jamaïque. L'usage massif de produits toxiques provoque des dommages organiques irréversibles, révélant une crise de santé publique alimentée par des préjugés sociaux persistants.

En Jamaïque, la quête d'un teint clair dépasse le cadre de la simple esthétique pour devenir une urgence sanitaire majeure. Selon l'enquête nationale sur la santé, environ 11 % de la population a déjà eu recours au blanchiment cutané. Ce chiffre souligne une réalité préoccupante, particulièrement chez les jeunes adultes. Le danger principal réside dans la composition chimique des produits en circulation. Bien que la Jamaïque soit signataire de la Convention de Minamata visant à limiter l'usage du mercure, le marché local reste saturé de préparations illégales. Les analyses révèlent des concentrations de mercure atteignant parfois 17 547 parties par million (ppm), alors que la limite de sécurité internationale est fixée à 1 ppm. Ce métal lourd pénètre l'organisme et entraîne des conséquences dévastatrices :

- Atteintes organiques : des lésions rénales graves et des troubles neurologiques tels que des tremblements, des pertes de mémoire et des états dépressifs ;

- Dégâts dermatologiques : une fragilisation extrême de l'épiderme, des cicatrices permanentes et l'apparition de l'ochronose, une affection irréversible qui marque la peau de plaques sombres.

Une pratique répandue chez les hommes

Contrairement aux idées reçues, cette pratique concerne largement la population masculine. Les statistiques indiquent une prévalence de 12,5 % chez les hommes contre 8,8 % chez les femmes. Le risque sanitaire est aggravé par une fréquence d'utilisation intensive : près de la moitié des usagers appliquent ces substances plus d'une fois par jour, multipliant ainsi la dose toxique absorbée par le corps. 

Le poids des héritages sociaux

Si les motivations incluent parfois le désir de rendre des tatouages plus visibles, les racines du phénomène sont liées à l'histoire de l'île. Le " colorisme " persiste, associant à tort un teint clair à une réussite sociale supérieure. Pour de nombreux utilisateurs, l'éclaircissement est perçu comme un simple rite de beauté, ce qui occulte la dangerosité des composants chimiques utilisés. Face à cette situation, les autorités préconisent un renforcement des contrôles douaniers et des campagnes de sensibilisation valorisant la diversité des carnations naturelles.