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L’Allemagne tente de sécuriser un pétrolier en difficulté en mer Baltique, Berlin accuse Moscou

10 January 2025
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L'Allemagne s'efforce samedi de sécuriser un pétrolier en difficulté et d'éviter une marée noire en mer Baltique, un navire accusé de faire partie de la "flotte fantôme russe", souvent vétuste, par laquelle Moscou exporte son pétrole malgré les sanctions.

Le pétrolier Eventin, avec 99.000 tonnes de pétrole à bord, se trouve en situation de "détresse" et est en panne de moteurs après une coupure de courant survenue dans la nuit de jeudi à vendredi, selon le centre de commandement allemand pour les urgences maritimes.

Le navire de 274 m de long, qui bat pavillon panaméen, a dérivé pendant un temps "à faible vitesse, incapable de manoeuvrer, dans les eaux côtières de la mer Baltique, au nord de Rügen", dans l'est du littoral allemand, a précisé le commandement.

Trois remorqueurs dépêchés sur les lieux ont réussi à établir une liaison avec le navire, qu'ils tentent d'écarter des côtes en le repoussant vers le nord-est, a indiqué l'autorité navale allemande dans communiqué publié dans la nuit de vendredi à samedi.

Le commandement a indiqué avoir pris cette "mesure de sécurité" parce que le vent, d'une force de 5 à 6 sur l'échelle de Beaufort, a tourné au nord et risque de rabattre le navire vers la côte, parmi des vagues d'"environ 2,5 m de haut".

Dans sa dérive, l'Eventin s'était approché à 14 km de l'île touristique de Rügen.

La zone visée, au nord-est du cap Arkona, est "plus sûre" car il y a "plus d'espace maritime" qui la sépare des côtes.

Il faudra environ huit heures aux navires parcourir les quelque 25 km jusqu'à la zone visée, qui pourra être atteinte en milieu de matinée, a précisé l'autorité.

Pour aider à ces remorquages, un hélicoptère de la police allemande a déposé par hélitreuillage sur l'Eventin quatre experts qui ont aussi apporté aux 24 membres d'équipage des radios et des lampes de poche "car le navire reste sans électricité".

Les quatre experts ont passé environ trois heures sur le navire avant d'être ramenés sur la côte.

Dans un précédent point sur l'opération, la même source avait indiqué qu'un avion de la marine allemande n'avait détecté "aucune fuite de pétrole" en effectuant plusieurs passages au-dessus du navire.

"Pétroliers délabrés"

La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a accusé dans un communiqué la Russie de "mettre en danger" la sécurité européenne "non seulement avec sa guerre d'agression contre l'Ukraine (...) mais "aussi avec des pétroliers délabrés".

"En utilisant de manière infâme une flotte de pétroliers rouillés, (Vladimir) Poutine non seulement contourne les sanctions, mais s'accommode aussi du fait que le tourisme sur la mer Baltique soit mis à l'arrêt" en cas de catastrophe écologique, a-t-elle déploré.

Selon Greenpeace, l'Eventin, qui avait pour destination Port Saïd en Egypte, avait déjà été repéré pour des transports de pétrole "particulièrement dangereux" et pour ses "défauts techniques".

Il figure dans la liste des 192 "pétroliers les plus dangereux" de l'ONG.

"Les navires de la flotte fantôme russe menacent chaque jour les côtes de la mer Baltique", estime Thilo Maack, biologiste marin de Greenpeace cité par cette organisation.

Depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, le nombre de navires pétroliers à la propriété opaque ou dépourvus d'assurance appropriée a grimpé, permettant à la Russie de constituer une flotte clandestine pour exporter son pétrole malgré les sanctions.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé vendredi de nouvelles sanctions contre le secteur énergétique russe, qui visent notamment près de 200 pétroliers et méthaniers opérant depuis la Russie et présentés comme faisant partie de cette "flotte fantôme".

L'UE a elle déjà sanctionné près de 80 navires.

Suite aux avaries de deux pétroliers, victimes d'un naufrage mi-décembre entre la Russie et la Crimée, Moscou fait face par ailleurs à une pollution massive aux hydrocarbures en mer Noire.

Les autorités russes ont annoncé vendredi avoir détecté une nouvelle fuite de mazout dans l'un des deux pétroliers concernés.

pyv-lgo/phs