L’Assemblée élit ses vice-présidents après un vote chaotique, l’hémicycle s’enflamme déjà

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Un “bourrage d’urnes” au Palais Bourbon ? L’élection des vice-présidents de l’Assemblée a donné lieu aux premières passes d’armes de la 17e législature vendredi, après l’annulation d’un vote entaché d’irrégularités, le RN apparaissant comme le grand perdant d’une longue série de scrutins.

Au cours de l’après-midi, six vice-présidents ont été élus, dont deux de La France insoumise mais aucun du Rassemblement national. Les trois postes de la questure sont revenus dans la soirée à Brigitte Klinkert (Renaissance), Christine Pirès Beaune (PS) et Michèle Tabarot (LR). Il restait peu après minuit à élire douze secrétaires. 

Les premières opérations de vote se sont déroulées de manière houleuse, un scrutin ayant dû être annulé, après l’apparition suspecte de dix enveloppes surnuméraires dans les urnes.

Une source parlementaire a confié à l’AFP n’avoir “aucun précédent en tête” d’une telle situation. “Honte à ceux qui ont pratiqué cette fraude”, a tonné dans l’hémicycle le député PS Jérôme Guedj, demandant une enquête et la révision des modalités de vote.

Salle des Quatre-colonnes, où les députés rencontrent la presse, les élus se montraient désabusés. “Je suis un peu triste du spectacle qu’on donne”, a réagi Jean-René Cazeneuve (Ensemble pour la République, ex-Renaissance) au micro de LCP.

“Le soupçon par rapport au bourrage d’urnes existe”, a relevé le porte-parole de la Droite républicaine, Vincent Jeanbrun.

Après un nouveau vote, quatre des six vice-présidents ont été élus au premier tour: les Insoumises Nadège Abomangoli et Clémence Guetté, qui sera la première vice-présidente, la candidate d’Horizons et vice-présidente sortante Naïma Moutchou, et Xavier Breton (Droite républicaine).

Au second tour, le ministre de l’Industrie démissionnaire Roland Lescure et la députée LR Annie Genevard ont été élus, le RN ne parvenant pas à faire gagner ses deux vice-présidents sortants, Sébastien Chenu et Hélène Laporte.

“Coup tactique”

Chantre d’une représentation équilibrée de chaque force politique dans les instances de l’Assemblée, le groupe de Marine Le Pen avait annoncé qu’il voterait pour des représentants des trois blocs qui se partagent l’Assemblée.

“Toutes les forces politiques doivent être représentées au bureau”, a souligné autour de minuit Mme Le Pen, dénonçant les “magouilles” des autres groupes qui se sont “accaparés l’intégralité des postes”. Elle a annoncé que son groupe ne participerait pas à l’élection des secrétaires.

“Ces décisions rendent pour l’avenir les décisions de ce Bureau parfaitement illégitimes”, a-t-elle également estimé.

“Le RN avait perdu. Ce qu’il a cherché à faire là avec son pseudo-coup d’éclat”, c’est “masquer le fait qu’ils sont perdants d’office, laisser entendre qu’il pourrait y avoir des retours d’ascenseur etc.”, a décrypté la députée LFI Sarah Legrain.

Dans l’hémicycle, la macronie n’a pas manqué de relever que les Insoumises avaient été élues en partie avec le soutien du RN. “LFI étant élue avec les voix du Rassemblement national, ils pourraient au moins leur serrer la main”, a lancé le ministre de l’Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin.

“Vous n’avez, vous les macronistes, aucune leçon à donner à La France insoumise et au Nouveau Front populaire. C’est vous qui aviez voté en 2022 pour élire des vice-présidents de l’Assemblée nationale” RN, a vertement répliqué la présidente du groupe LFI Mathilde Panot, dans une ambiance tendue.

“Matchs différents”

La macronie, qui avait en 2022 concédé deux vice-présidences au RN, dans le souci d’une représentation équitable des groupes, a cette fois-ci fait le choix de s’entendre avec la droite pour permettre l’élection de Yaël Braun-Pivet; les deux camps s’arrogeant au passage un nombre de postes disproportionné par rapport à leurs poids à l’Assemblée.

Le risque pour le camp présidentiel est de se mettre à dos l’ensemble des oppositions, en échange d’une alliance avec LR loin de lui assurer une majorité absolue, l’ensemble pesant 213 députés (contre 289 nécessaires).

La droite revendique également la présidence de la commission des Finances, qui se jouera samedi.

Pour que ce poste lui revienne, il faudra que la majorité sortante prenne part au vote, ce qui est contraire aux usages. “Une honte”, a dénoncé Manuel Bompard (LFI).

Pour Emmanuel Macron, cette alliance pour le perchoir est le premier pas vers la constitution d’un gouvernement qui aurait le soutien de la droite, et relègue au second plan les espoirs de gouverner de la gauche.

Les responsables du Nouveau Front populaire semblaient toutefois ne pas vouloir renoncer vendredi. “Ce sont des matchs différents (entre l’Assemblée et Matignon). On est là, on continue et on y croit”, a assuré la patronne des écologistes Marine Tondelier sur franceinfo. 

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• Bertrand GUAY