Laurent Wauquiez propose «d’enfermer les OQTF à Saint-Pierre et Miquelon» : tollé politique


Le candidat à la présidence des Républicains propose un exil forcé pour les étrangers "dangereux", s'inspirant de l'Australie. La classe politique s'indigne, Valls dénonce une "méthode de colon".
Laurent Wauquiez, en campagne pour prendre la tête des Républicains (LR), a lancé une proposition qui fait polémique : envoyer les étrangers sous obligation de quitter le territoire (OQTF) et jugés "dangereux" dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon. Cette proposition, qui pourrait presque passer pour une parodie, n'est pas sans rappeler le « Guantánamo à la française » d'Éric Ciotti en 2021.
Dans un entretien accordé au JDNews, magazine d'extrême-droite du groupe Bolloré, le député de Haute-Loire assume un virage très à droite, justifiant sa mesure par "l'effet dissuasif" du climat rigoureux de l'archipel français, situé à près de 4.000 km de la métropole. "Il fait 5 degrés de moyenne pendant l'année, 146 jours de pluie et de neige. Je pense qu'assez rapidement, ça va amener tout le monde à réfléchir", a-t-il déclaré sur CNews.
Son objectif ? Forcer ces personnes à accepter leur retour dans leur pays d'origine, en leur laissant une alternative radicale : "Soit partir à Saint-Pierre-et-Miquelon, soit rentrer chez eux."
Un modèle inspiré de l'Australie… et un clin d'œil à Trump ?
Wauquiez se défend de copier Donald Trump, mais s'inspire ouvertement de l'Australie, qui exile certains migrants illégaux vers l'île de Nauru, dans le Pacifique.
Il plaide également pour un allongement de la durée de rétention, citant en exemple l'Italie (18 mois) ou le Royaume-Uni (durée illimitée). Une manière, selon lui, de pallier l'échec des expulsions, comme le récent refus de l'Algérie de reprendre ses ressortissants sous OQTF.
« Le bagne de Cayenne, c’est loin, et tant mieux »
La proposition a immédiatement provoqué l'indignation. Stéphane Lenormand, député de l'archipel, a rapidement réagi sur con compte X (ex-twitter) : "Décidément l'incompétence est universelle... Quel mépris pour les habitants de l'archipel et pour son histoire ! Quel mépris pour les outre-mer !", dénonce-t-il.
Le président de la Délégation Outre-mer, Davy Rimane, s'est également exprimé sur X : "Après Retailleau qui craint l’effacement de notre civilisation, Wauquiez réinvente le bagne dans nos territoires d’Outre-mer. Cette droite n’a plus rien de républicaine", juge le député de Guyane.
"Quand on méprise un territoire, on risque de mépriser la France toute entière, a réagi Manuel Valls dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP). Aucun territoire français ne mérite d’être traité comme une zone de relégation. Le ministre des Outre-mer ajoute : « L’exil forcé, c’est une méthode de colon, pas d’élu de la République. Le bagne de Cayenne, c’est loin, et tant mieux. »
À gauche, les critiques fusent. Boris Vallaud (député PS) raille un "Guantánamo-sur-Mer", un projet "aussi indigne qu'idiot".
"Quand le chef de la droite française réinvente le bagne, aboli en 1938 ! ", réagit de son côté Alexis Corbière (ex-LFI).
Même Marine Le Pen (RN) a désapprouvé : "La place des OQTF, c'est dans leur pays… sûrement pas dans un territoire français. Les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon ne sont pas des sous-citoyens".
Jeu de surenchère dans la course à la présidence LR
Elle l'accuse de surenchère dans la course à la présidence des Républicains avec son principal concurrent, Bruno Retailleau. Le ministre de l'Intérieur, qui a le vent en poupe dans les sondages, multiplie les déclarations polémiques ces dernières semaines. "Vive le sport, à bas le voile", déclarait-il fin mars déclaré fin mars lors d’un rassemblement intitulé "Pour la République, la France contre l’islamisme".
Face au durcissement du discours de Bruno Retailleau sur les questions de sécurité et d'immigration, Laurent Wauquiez choisit la surenchère pour se faire entendre. Mais la ligne entre LR et l'extrême droite semble de plus en plus floue. Et les réactions outrées, y compris dans son propre camp, montrent que le débat est loin d'être clos.
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