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Le Groupe Bernard Hayot visé par une information judiciaire pour “escroquerie en bande organisée” | Guyaweb, site d’information et d’investigation en Guyane

20 December 2025
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Le Groupe Bernard Hayot visé par une information judiciaire pour « escroquerie en bande organisée »

Le quotidien Libération révèle ce jeudi 18 décembre l’ouverture par le Parquet national financier d’une information judiciaire contre le Groupe Bernard Hayot (GBH), principal groupe de distribution d’Outre-mer, pour « escroquerie en bande organisée », « abus de position dominante » et « entente ».

Cette information judiciaire révélée par Libé ce 18 décembre, ouverte en août et confiée à des juges d’instruction parisiens, vise notamment le marché automobile en Outre-mer qui représente à lui seul près de 40% du chiffre d’affaires global du GBH.

Selon Libération, les concessions automobiles du groupe, en position ultra-dominante sur le marché, réalisent des marges « jusqu’à trois ou quatre fois supérieures à celles pratiquées » en France métropolitaine. « Les soupçons d’escroquerie en bande organisée visent, eux, les possibles mensonges de certains concessionnaires du groupe, soupçonnés de dissimuler leurs véritables marges aux fabricants automobiles« , poursuit le quotidien qui a déjà enquêté sur les pratiques du groupe Hayot et notamment l’opacité de ses comptes et marges arrière.

Une plainte contre X pour « entente » et « abus de position dominante » avait d’ailleurs été déposée dans la foulée des révélations du quotidien de gauche.

Dans la branche automobile du groupe, « GBH réalise 18 à 28% de marges nettes » dans nos régions, « soit 4 fois celles réalisées dans l’Hexagone sur les mêmes voitures vendues » relatait Libération en janvier dernier.

Pour justifier de telles différences de prix avec l’Hexagone, l’entreprise met systématiquement en avant les « frais d’approche » qui comprennent tous les coûts liés à l’importation des véhicules depuis le Vieux continent, notamment les charges liées au transport et à l’octroi de mer. Mais en réalité, ces coûts d’approche ne représenteraient que « 15 à 20% du prix de vente final, soit l’équivalent de la TVA dans l’Hexagone ». D’autres frais appliqués, qui profiteraient en réalité à nombre d’entreprises intermédiaires appartenant elles-mêmes à la constellation d’entreprises du GBH, permettraient de dégager des marges très importantes et expliqueraient des prix de vente jusqu’à plus de 45% plus chers qu’en métropole.

Cette structuration permettrait d’accumuler des marges, de ventiler les bénéfices et d’alléger les comptes d’exploitation des entreprises les plus rentables. Car la multinationale est « une concentration verticale, mais aussi horizontale ». Elle vend le véhicule, mais maîtrise aussi l’entretien et les pièces détachées, « avec, là encore, des marges trois fois supérieures à la métropole » soulignait Libération. Par exemple, en Guyane, le groupe GBH détient le concessionnaire Guyane automobile, mais aussi le garage Norauto et l’entreprise de location longue durée System Lease.

La justice est désormais saisie pour enquêter sur ces pratiques du Groupe Bernard Hayot, régulièrement accusé de contribuer au coût élevé de la vie en Outre-mer, ses détracteurs le suspectant d’appliquer des marges record en l’absence de véritable concurrence. La position oligopolistique du groupe permettrait, selon Libération, le maintien d’un modèle issu de l’économie de comptoir de la période coloniale.

En juin dernier, après avoir été contraint par la justice administrative de publier ses comptes, GBH avait révélé avoir dégagé en 2024 un bénéfice net annuel de 202 millions d’euros.

Le groupe GBH indique dans un communiqué avoir  « pris connaissance, par la presse, de l’ouverture d’une information judiciaire le visant notamment pour « entente », « abus de position dominante » et « escroquerie» », rappelant qu’il « n’a jamais fait l’objet d’aucune sanction pour manquement à ses obligations en la matière ». 

GBH « conteste fermement, y compris devant la justice, ces allégations et coopérera pleinement avec les autorités judiciaires afin de démontrer le caractère infondé de ces accusations ».

Photo de Une : Bernard Hayot, fondateur du groupe éponyme qui domine le marché économique en Outre-mer, en décembre 2024 © GBH