Du rôle de la ville Bordeaux qui a bâti sa fortune sur l’économie coloniale au 18e siècle, aux modes et enjeux du commerce triangulaire, à l’organisation du système esclavagiste dans les plantations de canne à sucre et au combat pour l’abolition de l’esclavage, le musée d’Aquitaine ouvert en 1987 et dont le but est de raconter l’histoire de Bordeaux grâce à plus d’un million de pièces de collection présente depuis 2009 des salles permanentes consacrées à l’esclavage et au commerce triangulaire.
Comme d’autres ports négriers tels que Nantes, La Rochelle et Le Havre-Rouen, le port de Bordeaux positionné au deuxième rang (après Nantes) des ports négriers de France était un lieu d’où partaient de gros navires vers les côtes d’Afrique pour embarquer des hommes, des femmes et des enfants, contraints et forcés de traverser l’Atlantique dans des conditions affreuses afin d’être vendus à des propriétaires de plantations de canne à sucre aux Antilles et plus particulièrement sur l’île de Saint-Domingue. La prospérité de la ville de Bordeaux provient du commerce du sucre issu du travail de millions d’esclaves.

Le passé négrier de Bordeaux mis en lumière au musée d’Aquitaine situé à Bordeaux © KLS / GUYAWEB 2024
« Sa prospérité a été assurée par le développement du commerce en droiture avec les Antilles et par sa participation de plus en plus active à la traite négrière tout au long du XVIIIe siècle » explique le Musée d’Aquitaine, qui présente des salles permanentes dédiées à l’esclavage et au commerce triangulaire.
L’essentiel (95%) du commerce bordelais vers les iles d’Amérique se faisait « en droiture ». Les navires marchands bordelais transportaient des produits de la région (textile, étoffes, vins, ..) et ramenaient sucre, café, indigo, coton et cacao. À la fin du XVIIIème siècle, le commerce triangulaire, qui reposait sur la traite négrière avec l’Afrique, était en plein essor. Au total, près de 500 expéditions de traite ont été organisées et recensées entre 1672 et 1837. Environ 180 armateurs bordelais sont à l’origine de ces expéditions et ont déporté entre 120 000 et 150 000 Africains.
Dans les différents espaces du musée d’Aquitaine, des collections d’objets de navigation et des maquettes de vaisseaux témoignent du commerce triangulaire. Dans ces salles permanentes, on découvre aussi des collections d’objets, des livres comme des journaux de bord, des maquettes de plantation, des répliques de navire, des sculptures ou encore cette peinture mettant en scène la Comtesse de Fontenelle, riche propriétaire d’esclaves posant la main sur l’épaule d’un petit garçon acheté entre 700 et 800 livres tournois (ancienne monnaie), portant un collier en argent autour du coup et habillé d’une veste rouge.
L’organisation du système esclavagiste est aussi mis en évidence grâce à des documents témoignant des conditions de vie difficiles dans les plantations de canne à sucre. La visite s’achève sur les conséquences de l’esclavage et de la traite en présentant les révoltes et les combats pour l’abolition.
Photo de Une : au Musée d’Aquitaine, une des salles permanentes consacrée à l’esclavage et au commerce triangulaire inaugurée le 10 mai 2009 par Alain Juppé, ancien Premier ministre, maire de Bordeaux, Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des collectivités territoriales, et Yves Jégo, secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer © KLS/GUYAWEB 2024
Par la loi du 10 mai 2001, dite Loi Taubira, « la République française reconnait que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes, constituent un crime contre l’humanité. »