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Les Caraïbes en 2026 : l’ONG ACLED déconseille aux touristes de s’y rendre

30 December 2025
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L'organisation non gouvernementale ACLED, spécialisée dans le suivi des conflits, émet un avertissement sévère pour les voyageurs : éviter l'Amérique latine et les Caraïbes en 2026. La région devrait connaître une recrudescence de la violence, selon son analyse. 

C'est un coup dur potentiel pour l'économie touristique régionale. L'ONG ACLED (Armed Conflict Location & Event Data Project) publie une étude prévisionnelle déconseillant aux voyageurs de se rendre dans une grande partie de l'Amérique latine et des Caraïbes l'an prochain. L'organisation y anticipe une augmentation significative des violences en 2026, liée à l'essor des activités criminelles et surtout, au durcissement des réponses étatiques inspirées et soutenues par les États-Unis. Cet avertissement intervient en pleine période de forte affluence touristique, risquant d'affecter les réservations et l'activité des professionnels du secteur.

Le rapport pointe un changement de paradigme stratégique américain comme principal moteur de cette escalade. Pour l'administration du président Donald Trump, la sécurisation de l'hémisphère américain est devenue une " priorité absolue ". Cette stratégie se concrétise par un renforcement militaire dans la Caraïbe, une pression accrue sur les réseaux criminels et des États comme le Venezuela et une évolution doctrinale majeure : la requalification de certains cartels en organisations terroristes. Cette approche, selon ACLED, " fait tache d'huile " et encourage les gouvernements régionaux à adopter des politiques répressives et militarisées.

La région emboîte le pas, avec des risques de dérives

L'effet de contagion est déjà visible. Des pays comme la Jamaïque, le Honduras, le Salvador, l'Argentine, l'Équateur ou la République dominicaine durcissent leur arsenal légal et leurs opérations contre le crime organisé, souvent en reprenant le vocabulaire et les méthodes promus par Washington. ACLED alerte sur les risques de cette spirale sécuritaire, surtout à l'approche d'échéances électorales où la surenchère est tentante. Le danger est de voir les États eux-mêmes devenir des acteurs centraux de la violence, avec des potentielles exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées et une érosion des droits humains, sans pour autant régler les causes profondes de l'insécurité.

Dans ce tableau régional sombre, le rapport note une exception : les Antilles françaises (Guadeloupe et Martinique). " Pour l'heure, semblent loin de ces difficultés et tirent leur épingle du jeu ", relève l'analyse. Leur statut de territoires européens, avec un cadre sécuritaire et judiciaire distinct, les place en marge des dynamiques de militarisation et de violences extrêmes qui inquiètent l'ONG. Cette perception de stabilité relative pourrait même se transformer en opportunité économique : la clientèle internationale qui boude d'autres destinations caribéennes pour cause d'insécurité pourrait se reporter davantage vers la Martinique et la Guadeloupe, offrant une bouffée d'oxygène à leur secteur touristique face à l'avertissement global. Ce rapport crée un paradoxe avec la réalité locale où l'on dénombre 52 victimes d'homicide sur l'archipel guadeloupéen en 2025.