Les distributeurs de billets en voie d’extinction en France : 5 000 ont disparu en six ans
Une étude de la Banque de France révèle que 10 000 automates ont été supprimés depuis 2018, dont 1 500 rien qu'en 2024. Un déclin accéléré par la baisse de l'usage du cash, mais qui pose des problèmes d'accès pour certains usagers et bouleverse l'économie du réseau.
C'est un constat chiffré qui confirme une tendance de fond : les distributeurs automatiques de billets (DAB) disparaissent à grande vitesse en France. Selon l'étude annuelle de la Banque de France sur l'accès aux espèces, le nombre d'automates est passé de 52 697 fin 2018 à seulement 42 578 fin 2024. En six ans, le pays a donc perdu plus de 10 000 DAB, soit près d'un distributeur sur cinq. L'année 2024 a été particulièrement marquée, avec 1 500 suppressions. Une tendance qui s'explique avant tout par un changement de comportement massif des Français : l'usage du cash a fortement reculé au profit de la carte bancaire, une accélération notable depuis la pandémie de Covid-19 et l'essor du commerce en ligne.
Pour les banques, la logique est avant tout économique. " Un distributeur coûte 50 à 80 000 € à l'achat. Et 20 à 30 000 € par an en entretien ", explique Frédéric Guyonnet du syndicat SNB CFE-CGC. Or, ces coûts fixes ne sont plus compensés par l'activité : le nombre de billets retirés a chuté de 15% depuis 2018. Même l'augmentation de la commission interbancaire, passée de 57 à 89 centimes par retrait en 2020, ne suffit plus à équilibrer les comptes. Cette crise de rentabilité conduit à une rationalisation drastique du réseau, particulièrement dans les zones urbaines où les automates étaient nombreux, et à la mise en place de solutions communes comme le groupement Cash Services (BNP Paribas, Crédit Mutuel, Société Générale), qui prévoit de mutualiser 7 000 sites d'ici 2026.
L'accès aux espèces, un défi persistant malgré la tendance numérique
Si la majorité de la population se tourne vers le numérique (un Français sur cinq est client d'une banque en ligne), la disparition des DAB n'est pas sans conséquences. Elle pose une question cruciale d'accessibilité bancaire pour certains publics, notamment les personnes âgées ou celles dépendantes du cash pour de petites transactions du quotidien. La Banque de France tempère cependant en soulignant une certaine stabilité du nombre de communes équipées d'au moins un DAB (environ 6 500 communes). Les déserts bancaires s'aggravent moins que le nombre total ne le laisse penser, car les fermetures touchent surtout les doublons en ville. Néanmoins, pour un usager qui a besoin de liquide, la disparition du DAB du quartier peut signifier un déplacement plus long et contraignant, créant une forme d'exclusion financière silencieuse au cœur de la transition numérique.
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