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Les présidents de l’Assemblée et du Sénat en Nouvelle-Calédonie pour relancer le dialogue

09 November 2024
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Un dialogue à renouer sur un archipel dévasté: Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher arrivent dimanche en Nouvelle-Calédonie pour une mission de "concertation" périlleuse, six mois après le début des violences déclenchées par une réforme constitutionnelle vivement contestée.

Les présidents des deux chambres du Parlement, Sénat et Assemblée nationale, doivent atterrir dans la soirée à Nouméa. Ils entameront près de trois jours de rencontres, de lundi à mercredi, avec les forces politiques locales, le patronat, les syndicats et d'autres acteurs calédoniens.

Ils se rendront notamment dès lundi matin - heure de Nouméa, dimanche soir dans l'Hexagone - au Sénat coutumier, avant une séance solennelle au Congrès de Nouvelle-Calédonie, mardi, durant laquelle ils s'exprimeront face aux élus.

Dans un entretien au Monde samedi, ils ont appelé à ne pas se concentrer uniquement sur la question politique, mais aussi à avancer sur la crise du nickel calédonien, poumon économique de l'archipel. 

"Tout est lié", il y a "une chance de parvenir à un règlement global", a estimé Yaël Braun-Pivet. 

La question de l'élargissement du corps électoral aux élections provinciales ne doit être qu'"un élément de l'accord d'ensemble" qui doit être trouvé, a abondé le président du Sénat, assurant vouloir agir en toute "humilité", sans "vouloir forcer", pour "aller vers une autonomie très poussée sans rupture de lien avec la République".

Renouer le dialogue

Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher ont été chargés par le Premier ministre Michel Barnier de se rendre en Nouvelle-Calédonie pour renouer le dialogue entre indépendantistes et loyalistes. Ils se déchirent sur la sortie de l'accord de Nouméa (1998) depuis le troisième référendum, de 2021, qui a donné les partisans du "non" à l'indépendance largement vainqueurs tout en étant boycotté par les pro-Kanaky.

Mais le duo parlementaire entend bien rester autonome lors de ce déplacement, alors que la gestion du dossier calédonien, brinquebalée entre Beauvau, l'Elysée et Matignon depuis de longs mois, suscite de nombreuses critiques localement. Ils seront d'ailleurs en effectifs réduits durant cette visite, sans représentants du gouvernement et sans élus pour les accompagner.

"Cela va rassurer les Calédoniens de voir qu'au plus haut sommet de l'Etat les deux présidents de chambre se déplacent à l'autre bout du monde", salue le sénateur néo-calédonien Georges Naturel (groupe LR). 

Michel Barnier a prévu de se rendre aussi sur le Caillou "le moment venu".

Les émeutes, qui ont fait treize morts dont deux gendarmes, ont été déclenchées par la volonté du précédent gouvernement de faire passer une réforme constitutionnelle ultrasensible en vue d'élargir le corps électoral, gelé depuis 2007, pour les élections provinciales.

Depuis, la nouvelle coalition Barnier a abandonné la réforme et ces élections ont été reportées jusqu'en novembre 2025 au plus tard.

Une volonté assumée d'apaisement, alors que l'élargissement du corps électoral est vécu comme un coup de force par le camp indépendantiste, qui craint de voir le peuple autochtone kanak marginalisé. 

Au moins 2,2 milliards d'euros de dégâts

L'épineux et urgent débat sur la reconstruction après les affrontements des derniers mois sera aussi au programme de la visite de Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet. 

La facture des émeutes est évaluée à au moins 2,2 milliards d'euros par le gouvernement calédonien, soit 25% du PIB du territoire.

Le ministre des Outre-mer François-Noël Buffet, en visite mi-octobre dans l'archipel, a chiffré à "plus de 1,4 milliard d'euros" les aides de l'Etat à la Nouvelle-Calédonie entre 2024 et 2025, dont une partie via une avance remboursable ou des prêts.

Les présidents de l'Assemblée et du Sénat vont multiplier les rendez-vous bilatéraux, avec des élus et maires de tous bords.

Réussiront-ils l'exploit de rassembler tous les camps dans une même pièce? Leur agenda n'intègre pas, à ce stade, de réunion transpartisane.

"Nous attendons un élément déclencheur pour que tout le monde se remette autour de la table des discussions", a commenté à l'AFP Virginie Ruffenach, présidente du groupe Rassemblement-LR au congrès de la Nouvelle-Calédonie (non indépendantiste). "C'est une mission qui est qualifiée d'écoute et de concertation, ce n'est pas pour rien. Il faut un retour à l'esprit de responsabilité."

Du côté des indépendantistes, on espère que Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher joueront "le rôle d'intermédiaires et de facilitateurs entre les groupes politiques locaux et nationaux". Une nouvelle phase s'ouvre "pour voir comment la reconstruction peut être accompagnée", relève Pierre Chanel Tutugoro, président du groupe UC-FLNKS au Congrès (indépendantiste).

ama-md-sde/pta/jnd

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