Les quadrilles créoles de Guadeloupe entrent au patrimoine culturel immatériel national

Issues de l'histoire de l'esclavage colonial, ces danses transmises de génération en génération sont un marqueur fort de l'identité guadeloupéenne. " C'est une grande fierté pour moi. Le quadrille a sa place dans l'Hexagone et ailleurs. J'ai vécu ce moment avec une grande émotion quand la ministre nous a remis les diplômes ", témoigne la commandeure Nita Alphonso. Pour le conteur Igo Drané, cette reconnaissance confirme "la montée en puissance de nos arts de la Caraïbe" et la solidité d' "une culture durable ".

Soutenu par le Centre national de la danse depuis huit ans, le quadrille rejoint l'inventaire national, dans ses formes " au commandement " ou " sans commandement ". Un label devrait également voir le jour pour valoriser cet engagement artistique et patrimonial. " Cette reconnaissance est pour toutes ces personnes qui font vivre cette tradition ", souligne Isabelle Calabre, autrice de Moi aussi je danse le quadrille.

Une cérémonie au ministère de la Culture

La ministre Rachida Dati a salué l'importance des cultures régionales, avec un focus particulier sur les Outre-mer, lors de la cérémonie nationale organisée rue de Valois, le mercredi 17 décembre 2025. La délégation guadeloupéenne Chantal Loïal, Igo Drané, Isabelle Calabre, Nita Alphonso et des membres de l'association Madi et Kéra  était présente en tenue créole pour recevoir le diplôme d'inscription.Une démonstration de quadrille a également été proposée dans le salon des Maréchaux. " Ce fut un grand étonnement de chanter au ministère et de voir danser le quadrille dans ce salon de la République ", confie Nita Alphonso.

Très émue, Chantal Loïal a rappelé un travail engagé depuis 2016, notamment autour du spectacle Cercle égal demi-cercle au carré, à l'origine des fiches d'inventaire et des notations de danse : " C'est un début. Une récompense qui doit nous mener beaucoup plus loin. Je garde la foi dans nos traditions. " Elle a aussi eu une pensée pour Négoce, commandeur de quadrille et joueur d'accordéon, décédé.

D'autres patrimoines ultramarins reconnus en 2025

Cette inscription s'inscrit dans une dynamique plus large : plusieurs candidatures ultramarines ont été retenues en 2025, dont le Debaa des femmes de Mayotte, les savoir-faire liés au Tani Malandi (argile blanche) à Chirongui (Mayotte), la broderie de Cilaos (La Réunion), ou encore les pratiques traditionnelles liées à la fabrication du sel de Bandrélé (Mayotte).Pour la délégation guadeloupéenne, cette étape nationale doit servir de levier de rayonnement, d'attractivité et de transmission, avec l'espoir d'une reconnaissance internationale par l'UNESCO.