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L’instabilité des réformes inquiète fortement les professionnels du SPEG

16 September 2024
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Le 14 septembre dernier, le SPEG a tenu son assemblée générale à la salle Rémy Nainsouta de Pointe-à-Pitre. Le rendez-vous a été très suivi par tous les métiers de l'éducation pour qui cette rentrée sans ministre et avec de nouveaux textes à appliquer, est tout à fait déconcertante. Rencontre avec Jean Dernault, secrétaire général du SPEG.

France-Antilles : Une rentrée sans ministre ce doit être particulier à vivre. Quelle est votre regard sur la situation actuelle ?

Jean Dernault : Comme je l'ai dit lors de notre assemblée générale, par les temps qui courent "ayen pa sèten" (rien n'est sûr). Nous vivons un vrai bouleversement ministériel. Depuis Blanquer, nous avons eu quatre ministres et nous en aurons bientôt un cinquième nommé par le nouveau Premier ministre.

Dans ce contexte, nous avons des dispositifs qui ont été suspendus tels que le programme de mathématiques qui aurait dû être refait, le "Choc des savoirs" avec ses groupes de niveaux mis en place cette année pour l'élémentaire et qui aurait ensuite dû être étendu à l’ensemble du collège.

Tous ces mouvements de texte réguliers, chaque année, nous plongent dans l'incertitude, sans compter les problémes propres à notre académie, le manque  de professeurs, aggravé par la mutation dans l'Hexagone des nouveaux professeurs titularisés. Notre académie fonctionne mal.

Le mal-être que l'on ressentait déjà l'année dernière ne s'est donc pas dissipé ?

Le mal-être est encore là renforcé par une insuffisance de moyens, ou des moyens mal adaptés. Je rappelle que notre académie elle archipélagique, que nous avons des problèmes d’allophonie c'est-à-dire que nous avons des jeunes qui ne sont pas de langue française initiale et leur cas est insuffisamment pris en compte. Les calculs arythmétiques que l'on semble privilégier pour la gestion des moyens de l'académie ne sont pas de nature à régler ces problèmes.

Dans cette instabilité, comment doivent agir les professeurs ? Doivent-ils suivre des textes insuffisamment expliqués ? 

C’est clair que de manière générale, il est recommandé de suivre les textes. Cependant, le SPEG a toujours donné une couleur locale aux enseignements. Nous estimons qu'il faut partir de ce que l’on est. Mais de manière générale, ce qui est dérangeant dans ces changements de textes et de programmes, c'est qu'ils sont davantages motivés par la volonté d'un ministre de baptiser de son nom une réforme que de guider correctement notre communauté scolaire.

De manière générale, quelle est l'ambiance de cette rentrée ?

Si on parle de mon établissement, on peut dire que ça va, mais ce n'est pas le cas partout. La semaine dernière, l’école de Belair était fermée par les parents qui protestaient car il y avait des classes de 4 niveaux, ce matin, on a vu que le lycée de port-louis mobilisé, il demande à la région d’intervenir pour améliorer le cadre d'apprentissage, donc on voit bien que ce n’est pas serein partout et je pense qu'on va en entendre d’autres cas.

Travaillez-vous à quelques axes d'amélioration ?

Bien sûr, mais nous pensons, et la réalité du terrain nous montre l'urgence à avancer sur ce thème, qu'il faut une adaptation des programmes. Nous devons prendre la main sur les programmes. C’est un débat chez nous, cela fait peur mais c’est urgent. Pour l'heure la méthode du gouvernement revient à faire de la gestion de flux conduit nos jeunes vers la réussite de l’échec.