Martinique : Des fongicides et pesticides enfouis sous des terrains du Cirad
Karine Saint-Louis-Augustin [email protected]
"On y était, on en était persuadé." • ASSAUPAMAR
Quatre ans après l'alerte lancée par l'Assaupamar, le centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement confirme la présence de produits relativement dangereux pour la nature enterrés dans des parcelles lui appartenant, situées à Saint-Joseph et à Fort-de-France. Un comité de suivi d'une opération d'excavation a récemment été lancée avant la dépollution des sols, si nécessaire.
Voilà une affaire qui jette quelque peu l'opprobre
sur le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche
agronomique pour le développement). Cet organisme français, qui
œuvre depuis 60 ans en faveur du développement d'une agriculture et
d'une alimentation durable aux Antilles-Guyane, confirme avoir
enfoui sur des terrains lui appartenant des produits
phytosanitaires dangereux pour la nature.
Un scandale sanitaire révélé en 2020
Un scandale sanitaire révélé en 2020 par
l'Assaupamar (Association pour la sauvegarde du patrimoine
martiniquais) et confirmé par une enquête interne menée sur près de
trois ans. Et c'est au cours d'une réunion organisée en début de
mois pour présenter des actions vertueuses pour l'environnement
mises en place en partenariat avec l'Ademe (Agence de
l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), qu'Elisabeth
Claverie de Saint Martin, PDG du Cirad, a annoncé au côté du
préfet, le lancement du comité de suivi de l'opération d'excavation
( c'est-à-dire de sortie de ces déchets) de ces produits.
" C'est une histoire incroyable, une histoire
qui débute ou du moins que nous, au Cirad, avons découvert en
2020 ", commence-t-elle. En février de cette année-là, les
militants écologistes de l'Assaupamar pénètrent sur une parcelle du
Cirad située à Rivière-Lézarde et creusent pour déterrer ce qu'ils
assurent être du chlordécone, qui y aurait été enfoui dans le
passé. Un comble pour une institution censée notamment travailler
sur la sécurité alimentaire, le changement climatique et la gestion
des ressources naturelles. " J'avoue que ça nous a semblé
invraisemblable. On a trouvé ces allégations farfelues car ce ne
sont pas nos méthodes. On ne fait pas ce genre de chose au
Cirad ", affirme Elisabeth Claverie de Saint Martin.