Motard guadeloupéen percuté sur l’A4 : dix-huit mois de prison avec sursis requis contre les deux policiers
Le parquet de Créteil a requis ce lundi, dix-huit mois de prison avec sursis à l'encontre de deux policiers accusés d'avoir volontairement percuté un motard en octobre dernier sur l'autoroute A4. Les agents, jugés pour violences aggravées, encourent également des interdictions professionnelles. Le jugement sera rendu le 18 décembre.
Ce lundi (1er décembre) était examiné au tribunal de Créteil l'affaire opposant un motard guadeloupéen, percuté par une véhicule de la police nationale sur l'autoroute A4.
Lors de l'audience, le ministère public a estimé que les faits reprochés aux deux agents revêtaient une particulière gravité. Les procureurs ont rappelé les circonstances de l'incident, survenu le 14 octobre dernier à hauteur de Charenton-le-Pont.
Ce jour-là, une patrouille circulant gyrophares allumés sur la voie la plus à gauche de l'A4 a percuté un motard qui roulait sur la voie du milieu. Les images, captées par un automobiliste et massivement relayées sur les réseaux sociaux, montrent le choc qui déstabilise fortement le conducteur, sans provoquer sa chute.
Pour le parquet, l'intentionnalité de la manœuvre ne fait guère de doute. Outre les dix-huit mois de prison avec sursis, il requiert deux ans d'interdiction de porter une arme et un an d'interdiction d'exercer une fonction publique, le tout avec exécution provisoire. Le parquet souligne que cette affaire "porte atteinte gravement à la confiance que les citoyens ont en la police", rappelant que les forces de l'ordre ont un devoir exemplaire lorsqu'elles utilisent un véhicule comme moyen d'intervention.
Une défense qui plaide l'erreur et demande la requalification
Face à ces réquisitions, la défense a tenté de convaincre le tribunal de l'absence d'intention délibérée. L'avocat de l'un des deux policiers, Maître Jérôme Andrei, a demandé la requalification des faits en blessures involontaires, arguant d'une mauvaise appréciation de la situation plutôt que d'une volonté de nuire. L'un des policiers a lui-même reconnu la dangerosité de la manœuvre : "Je suis tout à fait conscient que j'aurais pu lui enlever la vie, c'est un acte involontaire", a-t-il déclaré devant la cour.
Le motard, quant à lui, n'a pas été physiquement blessé mais a immédiatement engagé des démarches judiciaires. Il a déposé plainte contre X auprès de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour tentative de meurtre par personne dépositaire de l'autorité publique avec arme par destination, considérant que la voiture de police avait été utilisée comme vecteur d'impact.
Le tribunal correctionnel de Créteil rendra sa décision le 18 décembre prochain, à l'issue d'une affaire qui relance une fois encore le débat sur l'usage proportionné de la force par les forces de l'ordre.