Obésité : une épidémie « aggravée » dans l’Outre-mer

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M.B.

« La Ligue contre l’obésité » publie ces jours-ci avec l’institut de sondage Odoxa des chiffres alarmants sur cette épidémie qui touche la France dans son ensemble. La situation est plus grave encore dans l’Outre-mer avec 22,4% des adultes en situation d’obésité contre 17,9% au niveau national.

C’est une pandémie : à l’échelle du globe, plus d’un millard de personnes sont en situation d’obésité, c’est-à-dire que leur indice de masse corporelle, leur IMC, est supérieur à 30. En France, en 2024, « 48,7% des adultes sont concernés par le surpoids ou l’obésité, avec 18,1% en situation d’obésité », soit presque 10 millions de personnes, écrivent les auteurs de l’étude « Observatoire français d’épidémiologie de l’obésité » (Ofeo).

Commandée et rendue publique par la « Ligue contre l’obésité », une association nationale qui travaille à « la prévention et la lutte contre le surpoids et la maladie de l’obésité », cette étude a été réalisée à partir d’un échantillon représentatif de la population française par l’institut de sondage Odoxa.

Les sondeurs ont appliqué la méthode des quotas, incluant pour la première fois les collectivités d’Outre-mer dans leur échantillon. De quoi apprécier une situation qui est encore plus grave que dans l’Hexagone : 22,4% des adultes y sont en situation d’obésité contre 17,9% en métropole. Pourquoi ? « C’est multi-factoriel, répond Annick Fontbone, chercheuse à l’Inserm et présidente du comité scientifique de la Ligue contre l’obésité. Il y a probablement des facteurs génétiques dans certains territoires comme la Polynésie mais pas seulement. Le facteur précarité doit jouer : on sait que l’obésité est plus fréquente dans les classes sociales défavorisées. »

Un ultramarin sur deux obèse ou en surpoids

Non seulement la proportion d’adultes en situation d’obésité est « significativement » plus importante aux Antilles, en Guyane et dans le reste de l’Outre-mer, mais la situation est également détériorée pour les personnes « en surpoids ». Au total 51,8% de la population ultramarine est obèse ou en surpoids contre seulement 48% sur le reste du territoire.

Cette étude ne présente pas de chiffres détaillés territoire par territoire, à cause d’un échantillon trop réduit pour être fiable à l’échelle de chaque île ou de la Guyane. Les auteurs de l’étude ont toutefois suffisamment d’éléments pour décrire « une crise sanitaire persistante et aggravée » dans l’Outre-mer. En 2022, une étude de Caroline Méjean, chercheuse à l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae) de Montpellier, montrait que « depuis 2000, l’état nutritionnel des Antillais s’est dégradé avec une augmentation du nombre de personnes en surpoids, diabétiques et hypertendus. »

Affection longue durée

La ligue contre l’obésité demande aux pouvoirs publics « la reconnaissance de l’obésité comme maladie chronique évolutive ouvrant droit à la reconnaissance comme Affection de longue durée (ALD) » ainsi que « le remboursement des consultations des psychologues, des diététiciens et des enseignants d’activités physiques adaptées ». Cette association a également mis en place une ligne d’écoute qui fournit une aide juridique, sociale et psychologique. Les services et l’appel sont gratuits au 04 48 206 206.