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Poutine se dit prêt à rencontrer Trump «à n’importe quel moment»

19 December 2024
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Vladimir Poutine s'est dit jeudi, au cours de sa séance annuelle de questions-réponses télévisée, prêt à rencontrer "à n'importe quel moment" le président élu américain Donald Trump, qui a récemment appelé à un cessez-le-feu et à des négociations entre l'Ukraine et la Russie.

"Je suis prêt à le faire, bien sûr. A n'importe quel moment", a affirmé le président russe, déclarant ne pas avoir parlé avec M. Trump "depuis plus de quatre ans".

Cette longue conférence en direct, bien que soigneusement mise en scène, constitue l'une des rares occasions de poser des questions délicates au président russe pour les journalistes et les citoyens de son pays.

L'émission, qui a duré cette année près de 4H30 et s'est conclue vers 13H40 GMT, a eu lieu à un mois du retour à la Maison Blanche de l'imprévisible Donald Trump.

Le républicain, déjà président de 2017 à 2021, a maintes fois promis de rétablir la paix en Ukraine "en 24 heures" et a appelé à un "cessez-le-feu immédiat" ainsi qu'à des pourparlers.

Mais le flou qui entoure son plan suscite l'inquiétude de l'Ukraine.

"Si nous rencontrons un jour le président élu Trump, je suis sûr que nous aurons beaucoup de choses à nous dire", a lancé Vladimir Poutine.

Avancées en Ukraine

Vladimir Poutine a assuré que la Russie était prête à un "dialogue" avec l'Ukraine, mais uniquement sur la base des "réalités du terrain", une façon de dire que son pays ne rendrait pas les territoires conquis.

Il a rejeté toute trêve, qui permettrait aux forces ukrainiennes de "faire une pause" et de se réarmer.

Son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, a répondu jeudi que Vladimir Poutine n'était qu'un "vieux rêveur", en réagissant à sa conférence. "Il vit dans un autre monde. Dans son propre aquarium", a-t-il dit à l'occasion d'un déplacement à Bruxelles.

Volodymyr Zelensky, longtemps fermement opposé à des pourparlers, a récemment nuancé sa position mais demande aux Occidentaux de solides garanties de sécurité.

Vladimir Poutine a quant à lui affiché jeudi sa confiance, estimant que la situation "changeait radicalement" sur le front en Ukraine, où les troupes russes progressent à un rythme inédit depuis les premiers mois de 2022.

Le chef de l'Etat russe a en revanche admis ne pas savoir quand son armée parviendrait à chasser les forces ukrainiennes de la région russe de Koursk, dont elles occupent toujours plusieurs centaines de kilomètres carrés.

"Nous allons absolument les mettre en échec", a néanmoins assuré M. Poutine.

Si c'était à refaire, il a expliqué qu'il aurait déclenché "plus tôt" l'offensive contre l'Ukraine, sous-entendant que la Russie aurait dû mieux s'y préparer.

"Duel" avec l'Occident

Vladimir Poutine a aussi encensé le nouveau missile russe "Orechnik", une "arme moderne" qui peut porter une charge nucléaire et frapper à des milliers de kilomètres.

L'armée russe l'a utilisé pour la première fois le 21 novembre contre la ville ukrainienne de Dnipro, le présentant comme une réponse aux récentes frappes ukrainiennes sur le sol russe à l'aide de missiles américains et britanniques.

Le président russe a depuis menacé de frapper Kiev et même directement les pays occidentaux qui arment l'Ukraine.

Jeudi, Vladimir Poutine a proposé aux Occidentaux un "duel de hautes technologies du XXIe siècle" entre l'Orechnik russe et leurs moyens de défense antiaérienne.

"Qu'ils déterminent une cible. Disons : Kiev", a-t-il poursuivi. "On lancera une frappe là-bas et on verra ce qui se passe."

Volodymyr Zelensky, à Bruxelles, a tancé cette proposition de "duel" : "vous voyez à qui nous avons affaire".

La Syrie, pas une "défaite"

Autre sujet international d'importance, M. Poutine a affirmé que la chute en Syrie de Bachar al-Assad, un proche allié de Moscou, n'était pas une "défaite" pour la Russie, qui a évité la création d'une "enclave terroriste".

Le sort des deux bases militaires russes en Syrie, cruciales pour les opérations de la Russie en Méditerranée, est cependant en suspens.

Vladimir Poutine a dit n'avoir pas encore vu Bachar al-Assad, qui a trouvé refuge sur le territoire russe avec sa famille, mais avoir "l'intention" de s'entretenir avec lui.

Il a en outre appelé Israël à retirer ses troupes du "territoire syrien", celles-ci ayant été déployées dans une zone tampon contrôlée par l'ONU.

Sur le plan intérieur, M. Poutine a critiqué les "failles" des services secrets russes, qui n'ont pas pu empêcher l'assassinat mardi à Moscou du général Igor Kirillov, une opération revendiquée par Kiev.

Le président russe a par ailleurs admis que l'inflation galopante dans son pays, de 8,9% en novembre, selon les chiffres officiels, était un "signal préoccupant".

L'économie russe, après avoir résisté ces trois dernières années, donne des signes d'essoufflement, avec notamment une envolée des taux d'intérêt qui handicape les entreprises, l'affaiblissement du rouble et des perspectives maussades pour 2025.

La situation de l'économie est "stable", a toutefois tenté de convaincre Vladimir Poutine dans ce show regardé par des millions de Russes.

bur/bds

Des soldats russes montent la garde lors de l'inauguration d'une exposition de matériel militaire occidental pris par les forces russes dans les régions de Kharkiv et Soumy en Ukraine, le 4 novembre 2024 à Saint-Pétersbourg en Russie
Des soldats russes montent la garde lors de l'inauguration d'une exposition de matériel militaire occidental pris par les forces russes dans les régions de Kharkiv et Soumy en Ukraine, le 4 novembre 2024 à Saint-Pétersbourg en Russie
• Olga MALTSEVA
Sur cette photo diffusée par l'agence syrienne Sana, le président syrien Bachar al-Assad (droite) et son homologue russe Vladimir Poutine visite la mosquée des Omeyyades, le 7 janvier 2020 à Damas
Sur cette photo diffusée par l'agence syrienne Sana, le président syrien Bachar al-Assad (droite) et son homologue russe Vladimir Poutine visite la mosquée des Omeyyades, le 7 janvier 2020 à Damas
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